Le Journal de Quebec

« I ALWAYS COLLECT »

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En mai 2019, l a Caisse de dépôt reprochait à l’un des dirigeants congédiés – sans le nommer – d’avoir accepté 15 000 $ en argent liquide dans ses bureaux mêmes, des mains d’un entreprene­ur aux antécédent­s criminels.

Dans la poursuite qu’il a ensuite intentée, l’ancien PDG d’otéra annonce que c’est lui qui a reçu cet argent en août 2017, mais il l aisse entendre que les billets de banque n’étaient pas pour sa poche. « [Graceffa] voulait aider son frère à recouvrer un montant d’argent qui lui était dû », mentionne sa poursuite.

Au fil des questions de la Caisse en interrogat­oire, Graceffa admet que l’argent était destiné à rembourser une entreprise qu’il détenait lui-même à « 50 % » et dont il contrôlait les finances, Constructi­on Sainte Gabrielle inc.

Dans sa poursuite, Graceffa affirme aussi qu’il i gnorait que l’entreprene­ur qui devait l’argent, Jean-denis

Lamontagne, avait déjà été condamné pour trafic de stupéfiant­s et qu’il était insolvable.

Durant l’enquête i ndépendant­e, Graceffa a pourtant admis qu’il disposait de documents établissan­t que son débiteur avait un passé criminel, révèle la Caisse dans sa défense.

C’est qu’en 2016, Graceffa et son frère avaient poursuivi Lamontagne pour récupérer leur argent. Lors de ces procédures, l’entreprene­ur a notamment déclaré qu’il était sur le point de faire une « deuxième faillite » et qu’il n’avait pas de compte bancaire, mentionne la Caisse. Il aurait aussi laissé entendre qu’il avait « des dettes de jeu [...] envers le crime organisé ».

Lamontagne a aussi dit qu’il faisait rembourser ses dettes, notamment envers les frères Graceffa, « par des tiers ». Il a toutefois refusé de les identifier, « même sous peine d’outrage, laissant entendre que ses financiers appartenai­ent au monde interlope », dit la Caisse.

Un individu sans compte bancaire pouvait-il vraiment rembourser Graceffa avec un chèque ? Durant l’enquête interne à la Caisse en tout cas, il a expliqué à l’avocat Stéphane Eljarrat qu’il tenait à récupérer son dû, selon la défense. « I always collect. » (« Je réclame toujours »), a-t-il témoigné.

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Jean-denis Lamontagne

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