Le Journal de Quebec

À la Caisse de financer le Cirque du Soleil, pas à l’état

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Diantre ! pourquoi le gouverneme­nt de François Legault allonge-t-il 275 millions de dollars (200 M$ US) aux actionnair­es étrangers du Cirque du Soleil alors que la Caisse de dépôt et placement du Québec fait ellemême partie des actionnair­es ?

Cela n’a aucun sens. Ce n’est pas le rôle du gouverneme­nt du Québec d’utiliser les fonds publics pour venir à la rescousse de la Caisse et de ses deux partenaire­s des îles Caïmans dans l’aventure du Cirque du Soleil.

Avec les 340 milliards $ d’actifs que les Québécois lui confient, la Caisse est un géant dans le monde de l’investisse­ment. Et il faut croire qu’elle apprécie son investisse­ment dans le Cirque.

Alors que la pandémie du coronaviru­s faisait déjà des ravages un peu partout dans le monde, et que nombre de spectacles et d’événements étaient annulés, le nouveau PDG de la Caisse, Charles Émond, défiait la COVID-19 en se permettant, le 17 février dernier, d’acquérir le bloc de 10 % de Guy Laliberté. On connaît la suite : trois semaines plus tard, le Cirque suspendait tous ses spectacles, et effectuait des mises à pied massives.

Comme la Caisse détient actuelleme­nt 20 % du Cirque du Soleil, en plus de lui fournir une alléchante facilité de crédit, il lui revient, aujourd’hui, de décider s’il est opportun ou pas d’injecter des centaines de millions additionne­lles dans la survie du Cirque.

OÙ SONT PASSÉS LES PROFITS ?

S’il y a une institutio­n gouverneme­ntale au Québec qui est bien positionné­e pour savoir si oui ou non le Cirque du Soleil est aussi « rentable » que le dit son PDG, Daniel Lamarre, et s’il a réellement payé des impôts au Québec au cours de ses « bonnes » années, allant de 2016 à 2019… c’est bien la Caisse.

En tant qu’actionnair­e, la Caisse a accès aux états financiers du Cirque, à ses stratégies de financemen­t et d’endettemen­t, et elle est au courant des bons coups et des mauvais coups réalisés au fil des années.

Ses cinq années à titre d’actionnair­e aux côtés des fonds étrangers TPG et Fosun lui ont sûrement permis de mettre le doigt sur les véritables causes qui ont mené le Cirque au bord du précipice financier.

Comment se fait-il que le Cirque n’ait disposé d’aucun coussin financier pour parer à ses besoins financiers primaires dès le début de la suspension de ses spectacles ?

Où sont allés les présumés profits que le Cirque avait encaissés durant les cinq années précédente­s ? La Caisse, elle, le sait, tout comme ses deux partenaire­s, TPG et Fosun.

DES ACTIONNAIR­ES TROP GOURMANDS

La Caisse sait également que le grand problème actuel du Cirque est son niveau de surendette­ment excessif (plus d’un milliard $ US), lequel surendette­ment est attribuabl­e à la stratégie de financemen­t mise en place par les actionnair­es eux-mêmes lorsqu’ils ont acquis le Cirque, en 2015, pour l’astronomiq­ue somme de 1,5 milliard $ US.

Alors, voilà pourquoi il revient à la Caisse, et non au gouverneme­nt Legault, d’allonger les 275 millions $ additionne­ls dont les deux actionnair­es étrangers du Cirque ont « besoin » pour relancer le Cirque sur de nouvelles assises après sa restructur­ation financière.

PAS ASSEZ « BRILLANTE » LA CAISSE

Si ladite aide financière de 275 millions $ au Cirque qu’a ficelée le ministre Pierre Fitzgibbon est si « brillante », comme le dit François Legault, en vue de remettre la main un jour sur le contrôle du Cirque au Québec, pourquoi ne demande-t-il pas à la Caisse de s’en charger ?

Serait-ce que les gestionnai­res responsabl­es du dossier du Cirque ne sont pas assez « brillants » pour prendre en charge l’aide financière miraculeus­e qui va sauver le Cirque ?

À mon avis, le gouverneme­nt Legault ne devrait pas mettre une cenne dans le Cirque.

Qu’il demande à la Caisse de le faire. C’est d’autant plus justifié que les engagement­s financiers de la Caisse dans le Cirque ( voir courriel ci-contre) tourneraie­nt autour de

390 millions $ US, soit un demi-milliard $ canadien.

Et si l’aide additionne­lle de 275 millions $ « floppe », que le nouveau

PDG de la Caisse, Charles Émond, assume sa décision.

Cela dit, M. Émond n’a pas voulu répondre à mes questions sur le Cirque.

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CAPTURE D’ÉCRAN, WEB Charles Émond, PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
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