Les gouvernements inquiets d’abord de la survie des entreprises
Les supposées difficultés des compagnies aériennes continuent d’empêcher les gouvernements, tant à Québec qu’à Ottawa, d’exiger qu’elles procèdent au remboursement des clients dont les voyages ont été annulés au cours des derniers mois.
Questionné sur le sujet, le premier ministre Justin Trudeau a dit chercher le moyen d’aider les Canadiens tout en s’assurant que l’industrie aérienne survive à la crise actuelle. Ce dernier n’a pas parlé de faillite, mais a laissé entendre qu’exiger le respect du droit au remboursement des consommateurs pourrait être une goutte de trop pour les Air Canada, Sunwing, Air Transat et Westjet.
Plus tôt hier, son ministre des Transports, Marc Garneau, avait aussi soutenu comprendre la frustration des consommateurs tout en se préoccupant de la survie de l’industrie.
« C’est important que [je] m’assure qu’il nous reste encore, quand la pandémie va passer, des lignes aériennes dans notre pays », a-t-il dit.
CRÉDIT OU REMBOURSEMENT ?
En raison de la pandémie de la COVID-19 et des fermetures des frontières des pays qui a suivi, des dizaines de milliers de Québécois n’ont pu profiter de leur voyage acheté d’avance.
Tandis qu’en Europe – en France notamment – les gouvernements forcent les transporteurs à rembourser les voyageurs avant que ne soit envisagé tout secours de l’état, les compagnies d’ici se contentent d’offrir des crédits à utiliser à une date ultérieure.
Une injustice, aux yeux des partis d’opposition qui ont martelé le gouvernement québécois de François Legault.
« Remboursez les consommateurs […], a réclamé jeudi le chef du Parti québécois, Pascal Bérubé. Toutes ces personnes qui n’ont pas l’argent qu’ils avaient durement gagné pour aller en voyage méritent le remboursement. Ça se passe dans plein d’autres secteurs, pourquoi ça ne serait pas le cas dans l’aviation ? »
DES MILLIARDS BLOQUÉS
Pour sa part, la députée libérale Lise Thériault a rappelé qu’air Canada et Air Transat disposaient ensemble de 3,4 milliards de dollars « qui ne leur appartiennent pas. L’argent est là. Il n’a pas disparu. Pourquoi ne pas exiger le remboursement? » a-t-elle demandé.
Ce à quoi le ministre de l’économie et de l’innovation, Pierre Fitzgibbon, a répondu en se portant à la défense des transporteurs (de juridiction fédérale) et agences de voyages (de juridiction provinciale). « Il faut trouver un équilibre pour les consommateurs parce que nous sommes pris avec des situations de compagnies qui pourraient faire faillite. »
- Avec Émilie Bergeron, Agence QMI