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La colère représente pour moi l’expression d’un narcissisme exacerbé. Autrement dit, c’est un débordement de l’ego. Dans la vie, on doit tout partager dans un cadre respectueux. Les cris sont inutiles, tout autant que les manifestations de violence qui équivalent à un refus affirmé de toute communication au profit d’un abus de confiance, et d’un rejet clair et net de toute possibilité d’intimité.
Je suis née dans une famille où les manifestations de méchanceté et de colère étaient monnaie courante. Elles ont ponctué toute mon enfance et ma jeunesse. L’apprentissage de la douceur et de la paix, j’ai dû le faire par moi-même, pour assurer mon salut.
Rendue à 70 ans, je me suis enfin choisie. Je vis seule et en paix. Grâce au travail effectué sur moi-même, je suis en mesure désormais de survoler ma vie, surtout mes relations affectives, et de comprendre mes mauvais choix de conjoints, tout autant que l’échec de certaines relations.
Dans votre chronique de ce matin, une femme parle de la colère de son conjoint comme d’un fléau. Effectivement, aucun être humain n’a le droit de détruire des vies pour assouvir ses frustrations. Vivre entre la colère et les agressions d’un conjoint comme elle le fait, c’est un enfer, où l’énergie première qui l’habite est celle de sa propre défense, qui s’obtient la plupart du temps par le silence et l’abnégation.
Puis les années se succèdent, jusqu’au jour où on constate notre autodestruction progressive. Silencieusement on s’est laissé glisser dans le désarroi, pour s’éviter les foudres continuelles de l’autre. Aucun être humain ne mérite ce genre de relation toxique. Pas plus qu’aucun être humain n’a le droit de punir ses proches pour la hargne qui habite son propre ego.
Seule et apaisée
Quand on a connu une enfance où on s’était habitué à « prendre son trou » parce que nos parents et nos proches fonctionnaient par coups de gueule et avec violence, il est toujours difficile de réagir autrement que par le repli, destiné à s’éviter d’autres coups. Parvenir à se forger ensuite une personnalité solide et respectueuse de soi-même n’est pas une mince affaire. C’est souvent le travail d’une vie, et peu de gens osent s’y attaquer, trouvant la tâche trop difficile, parfois même impossible à réaliser. Il y a aussi le fait que la sécurité d’une chose connue, même pénible à vivre, vaut mieux qu’un changement dont le résultat nous est inconnu. Bravo pour y être parvenue.