Survivre à la dictature de Franco et au coronavirus
La dame maintenant âgée de 73 ans a fui l’espagne en 1969 pour se réfugier en Abitibi
ROUYN-NORANDA | Une femme de 73 ans a vaincu la COVID-19 quelque 50 ans après avoir fui la dictature espagnole. La maladie n’a rien enlevé à la fougue de cette artiste qui n’a jamais craint la mort.
« Jamais l’idée de la mort ne m’a traversé l’esprit », exprime Marta Saenz de la Calzada qui habite Rouyn-noranda depuis 1969.
La septuagénaire a été contaminée le 18 mars lors d’un vol qui reliait Madrid à Toronto.
« Je suis partie bien et je suis revenue ici malade », raconte-t-elle.
La perte d’appétit, la fièvre, « les yeux à la hauteur de la nuque et une tête épouvantable » ont été les principaux symptômes qu’elle a endurés.
« Je ne toussais pas et je n’avais aucune difficulté à respirer. Je n’ai pas du tout eu besoin d’oxygène », souligne-t-elle.
Lorsqu’elle parle de son expérience, Marta
Saenz de la Calzada n’en finit plus de vanter le travail du personnel de la santé.
« J’ai été prise en charge avec chaleur humaine. Une équipe extraordinaire ! Je ne le dirai jamais assez ! » répète la survivante, qui déplore, néanmoins, qu’on les appelle « nos anges gardiens ».
« C’est très commode de les nommer comme ça, mais ce sont des êtres humains, rappelle-t-elle. Ils ont leurs inquiétudes et leur famille ! »
Lors de son passage à l’hôpital, elle n’a pas pu s’empêcher de demander à une infirmière si cette pandémie l’effrayait. « Il ne faut pas penser à ça », lui a-t-on répondu.
NON À LA PEUR
Remise sur pied, Marta Saenz de la Calzada a maintenant suffisamment d’énergie pour dénoncer le climat de peur qui s’est installé avec la pandémie, particulièrement chez les aînés.
« C’est hallucinant ! C’est la terreur, s’insurge-t-elle. J’ai des amies qui ne sortent pas de chez elles, parce qu’elles ont peur.
Comme si le virus flottait et n’attendait que nous. »
ANTIFRANQUISTES
Il en faut beaucoup pour apeurer Marta Saenz de la Calzada, qui vient d’une famille espagnole qui s’est opposée ouvertement à la dictature du général Francisco Franco, qui a sévi de 1939 à 1975.
« Mes parents n’ont jamais caché qu’ils étaient antifranquistes », se souvient-elle.
Avant sa naissance, son grand-père maternel, qui était avocat, a été tué en 1936 pour avoir défendu un leader syndical en 1934. L’assassinat a été organisé par des phalangistes qui avaient appuyé le coup d’état de Franco.
Trois de ses oncles ont aussi dû s’exiler à cause de leurs idées de gauche, sans compter que son ex-mari a été emprisonné à la suite d’une manifestation étudiante à laquelle elle-même participait.
« Mes parents m’ont appris à ne pas avoir peur. Donc avec la maladie, ça a été la même chose. »