Le Journal de Quebec

Pour éviter qu’un divorce ne devienne une affaire de famille

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia. .co LOUISE DESCHÂTELE­T T

Mon mari et moi avons toujours été proches de nos enfants. Ma fille est mariée depuis 23 ans à un ingénieur, qui est en fait le meilleur ami de mon mari. Notre fille vient de nous annoncer qu’elle demandait le divorce. Il semblerait que la période de confinemen­t du coronaviru­s ait eu raison de leur couple. De plus ma fille semble avoir rencontré quelqu’un qui devrait vite remplir la place devenue libre. Elle me l’a dit en confidence, sans l’avoir annoncé à son père.

Mon mari n’arrête pas de me parler de ce divorce. Il souhaitera­it bien que nous intervenio­ns auprès de notre fille pour la ramener à la raison, comme il dit. Mais j’ai refusé net. Je n’ai pas du tout l’intention de me mêler de ce qui ne nous regarde pas.

J’ai bien essayé d’empêcher mon mari de parler aussi souvent qu’il le fait avec notre gendre pour, dit-il, lui remonter le moral, mais c’est peine perdue. Si ma fille l’apprenait, ça la choquerait certaineme­nt de savoir que son père prend parti pour son gendre. Car, il affirme que notre fille a perdu la tête, qu’elle regrettera amèrement d’avoir quitté un aussi bon parti que lui, que ç’est sa crise de la quarantain­e qui la travaille, etc. Toutes les raisons sont bonnes pour démolir l’image de notre fille.

Et moi, pendant ce temps-là, je tente d’adoucir les angles et d’aider ma fille dans le tumulte qu’elle traverse, sans que ses enfants n’en soient trop perturbés. Ce n’est pas simple, je vous jure.

Comme je tente au mieux de ménager la chèvre et le chou, aux yeux de mon mari et de ma fille, j’ai l’air d’être indifféren­te à ce qui se passe. Ma fille me reproche de ne pas réagir quand elle me parle en mal de celui qu’elle ne veut plus dans sa vie. Et quand j’empêche mon mari de dire du mal de sa fille devant moi, il fait pareil. Une chance qu’il me reste mon fils et son chum qui demeurent neutres dans tout ça, sinon je me sentirais bien seule. j’ai peur que ma fille se trompe, suis-je dans l’erreur de ne pas la forcer à réfléchir un peu plus avant de procéder, comme le voudrait mon mari ? Que pensez-vous du fait que mon mari tienne à garder son futur-exgendre, comme ami ? Une mère qui doute

Vous ne devriez pas douter. Vous faites exactement ce qu’il faut faire dans les circonstan­ces. En laissant votre fille décider pour elle-même, vous la traitez en adulte. Ce qu’elle devrait être à son âge. Et lui opposer cette réalité quand elle vous accuse d’indifféren­ce serait la chose à faire.

Que vous ayez peur qu’elle se trompe est normal, car vous êtes protectric­e à son endroit. Mais vous n’avez pas de ligne de conduite à lui dicter comme le souhaitera­it votre mari. Car ça, elle pourrait vous le reprocher. Les seuls cas de divorce ou de séparation dans lesquels des parents doivent prendre parti selon moi, c’est quand son enfant subit des violences conjugales.

Que votre mari veuille garder son gendre comme ami par la suite, c’est son affaire. Mais il faudrait que ça se fasse dans la plus grande discrétion pour ne pas prêter flan à une accusation de prendre parti pour l’ennemi.

Le divorce concerne votre fille, son conjoint et leurs enfants. Votre rôle à vous est d’épauler votre fille dans cette démarche difficile, de s’occuper de ses enfants au besoin et de lui rendre des services domestique­s. Ce qui ne veut pas dire de fermer l’oreille à ses confidence­s, mais de garder toujours un bon espace de distanciat­ion (un mot qu’on connaît bien maintenant) pour ne pas vous immiscer dans son intimité.

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