Le conjoint d’isabelle Boulay ministre de la Justice en France
L’avocat Éric Dupond-moretti est réputé pour « sa grande gueule »
PARIS (AFP) | Le conjoint de la chanteuse québécoise Isabelle Boulay, l’un des avocats les plus célèbres de France, a été désigné lundi ministre de la Justice : une nomination surprise du nouveau gouvernement.
Connu pour « sa grande gueule » et son franc-parler, mais aussi sa virulence à l’égard des magistrats, Éric DupondMoretti est devenu lundi garde des Sceaux, c’est-à-dire ministre de la Justice, six mois après un mouvement historique de grève des avocats contre la réforme des retraites.
L’homme de 59 ans est à l’origine de plus de 120 acquittements, ce qui lui a valu le surnom d’« Acquittator ». Il a pris part à de nombreux grands procès ces dernières années.
Cet avocat médiatique, en couple avec Isabelle Boulay depuis 2016, s’était lancé dans le théâtre en 2019 et devait assurer une chronique matinale sur la radio Europe 1 à la rentrée.
En 2017, c’est sa défense du frère de Mohammed Merah, auteur de sanglants attentats dans le sud-ouest de la France en 2012, Abdelkader, qui avait déchaîné les passions.
« C’est le procès le plus difficile de ma carrière. J’en ai pris plein la gueule, j’ai été insulté. On a dit que j’étais la honte de la profession, on a menacé mes enfants », avait-il alors dit, ajoutant que ç’a été « pour moi un honneur » de le défendre.
Il a aussi expliqué ne pas être là pour la morale, mais pour le droit et affirmé qu’il aurait pu défendre « l’homme Hitler » s’il le lui avait demandé, mais « à condition de ne pas justifier l’idéologie nazie ».
CHOC CHEZ LES JUGES
Dans la salle d’audience, il rend coup pour coup à ses adversaires. Il use de sa présence physique intimidante pour mettre sous pression certains témoins à charge de l’accusation.
Si la nomination d’éric Dupond-moretti a été bien accueillie par les avocats, elle a en revanche fait l’effet d’un choc chez les juges.
« Nommer une personnalité aussi clivante et qui méprise à ce point les magistrats, c’est une déclaration de guerre à la magistrature », a déclaré à L’AFP Céline
Parisot, présidente de L’USM, syndicat majoritaire chez les magistrats.
COMBAT CONTRE LA RÉFORME
Fin juin, il s’était emporté avec sa verve habituelle contre le parquet national financier, qui a épluché ses factures téléphoniques détaillées, comme celles de plusieurs autres avocats, dans une enquête liée à l’ancien président Nicolas Sarkozy.
Et si vous étiez garde des Sceaux, que feriez-vous ? s’était-il alors interrogé sur la chaîne LCI.
« D’abord, il faut qu’on sépare le siège du parquet. [...] Je fais un système de responsabilité des juges, parce que les juges ne sont pas responsables de ce qu’ils font aujourd’hui. Ce sont les seuls dans notre société à ne pas être responsables. »
Depuis Robert Badinter, ministre de la Justice de 1981 à 1986, « aucun avocat du judiciaire n’avait été nommé garde des Sceaux », a relevé Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France.
« Il est de bon augure qu’un confrère [...] qui a participé au combat contre la réforme des retraites soit nommé garde des Sceaux », a-t-elle ajouté.