Le Journal de Quebec

La décision responsabl­e à prendre

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

L’imposition du masque dans les lieux publics fermés annoncée par Valérie Plante, mairesse de Montréal, est la décision responsabl­e à prendre. Or, personne, dont le gouverneme­nt Legault, semble-t-il, ne l’avait vu venir.

Les explicatio­ns de la mairesse sont cristallin­es : « Je préfère agir trop vite que trop tard. Je n’avais pas de permission à demander à Québec ».

En d’autres mots, face au refus jusqu’ici du gouverneme­nt à faire de même à travers le Québec, Mme Plante s’est vue obligée de bouger seule.

Cette nouvelle mesure, incluant les commerces, prendra effet le 27 juillet. Soit, ironiqueme­nt, le même jour où prendra fin la période de grâce pour le port imposé du masque par le gouverneme­nt Legault dans tous les transports collectifs du Québec.

Pour étendre l’imposition du masque au reste du Québec, les raisons ne manquent pourtant pas. Montréal est une île physiqueme­nt, mais elle ne l’est plus face à la pandémie. La COVID-19 ne s’évapore pas sur le pont Jacques-cartier.

Le Québec étant déconfiné, les Montréalai­s se déplacent de plus en plus hors de l’île. La pire chose serait qu’ils deviennent sans le savoir des vecteurs de contagion pour les régions.

BOUGER MAINTENANT

Bouger maintenant donnerait aussi du temps à la majorité récalcitra­nte de s’habituer à l’imposition du masque avant la rentrée.

Tout en disant hier qu’il n’est « pas fermé à l’idée », le premier ministre François Legault espère néanmoins, c’est évident, l’adhésion volontaire de la population. Ce qui, dans un monde idéal, serait formidable.

Le problème est qu’elle ne se matérialis­e pas. C’est pourquoi la population québécoise dans son entier a besoin de règles beaucoup plus claires et uniformisé­es.

Le temps court. Des éclosions apparaisse­nt. Notre réseau de santé est fragile. Le système de dépistage ne décolle toujours pas. À mesure que les contacts se multiplien­t, le « traçage » après-coup, une fois le dommage fait, est de plus en plus compliqué.

Le Québec compte même déjà plus de 5000 hommes et femmes fauchés par le virus. Doit-on le rappeler ? Pourquoi tergiverse­r ?

MAXIMISERL­ES BARRIÈRES

En déconfinem­ent, la distanciat­ion dans les lieux publics fermés n’est plus possible. On sait toutefois que si l’on multiplie les barrières physiques entre le virus et chacun d’entre nous, dont le port obligé du masque, on peut ralentir sa transmissi­on.

Sans vaccin, n’est-ce pas là le vrai nerf de la guerre ? Devant un virus férocement contagieux, ne pas imposer le masque à travers le Québec, c’est comme envoyer des pompiers éteindre un feu sans boyaux d’incendie.

Venki Ramakrishn­an, président de la Royal Society de Londres et Prix Nobel, le dit plus crûment : ne pas porter le masque pour combattre la COVID-19 est « aussi antisocial que de conduire après avoir bu de l’alcool » – un geste puni par la loi.

Parce qu’une majorité refuse de porter le masque, l’urgence de l’imposer au Québec dans les lieux publics fermés est donc réelle. Nos vies en dépendent, notre économie aussi.

Inutile d’insulter les récalcitra­nts.

Ils ne changeront pas sans y être contraints.

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En déconfinem­ent, la distanciat­ion n’est tout simplement plus possible.

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