Le Journal de Quebec

De futurs préposés toujours impayés

Plusieurs élèves attendent toujours de recevoir leur bourse promise par le gouverneme­nt

- CLARA LOISEAU

De futurs préposés aux bénéficiai­res n’ont pas été payés depuis le premier jour de leur formation accélérée au début du mois de juin et certains ont dû se rabattre sur des petits boulots et des emprunts pour payer leur loyer ou même leur nourriture.

« J’ai été obligé de reprendre des quarts dans les bars, une semaine sur deux. Je suis obligé d’emprunter de l’argent à mes amis, à ma famille parce que je ne peux pas payer mon loyer, mes factures ou même ma bouffe! » confie un étudiant du nouveau programme accéléré « Soutien aux soins d’assistance en établissem­ent de santé ».

Il a demandé à garder l’anonymat par peur de représaill­es, comme tous les futurs préposés interrogés pour cet article.

Depuis qu’il a commencé sa formation le 17 juin, à l’école des métiers des Faubourgs-de-montréal, l’élève affirme n’avoir reçu aucun paiement de la part du Centre intégré universita­ire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-sud de Montréal.

Au total, il aurait dû déjà recevoir 6140 $.

Mais deux mois après avoir commencé sa formation, toujours rien.

Pourtant, lorsqu’il a lancé son cri du coeur en pleine pandémie de COVID-19, le gouverneme­nt promettait aux futurs étudiants qu’une bourse de 9210 $ leur serait versée en trois paiements.

Le premier, deux semaines après le début des cours. Le deuxième, à la moitié du parcours. Et le dernier, à la fin de la formation.

Selon une professeur­e chargée de l’évaluation de cet étudiant, Chantal Scott, « au moins quatre [de ses] élèves » sont dans cette situation.

RETARD DE PAIEMENT

En parallèle, sur le territoire du CIUSSS de l’ouest de Montréal, d’autres étudiants éprouvent aussi des difficulté­s à recevoir le versement de leur bourse.

« D’abord, ils nous ont fait le premier versement avec deux semaines de retard et là, on a appris que le deuxième versement serait fait un mois et demi après », indique une élève qui dit être obligée de demander de l’argent à ses proches pour pouvoir subvenir à ses besoins et payer son loyer.

« Depuis le départ, ils nous donnent des dates qu’ils ne respectent pas ! » déplore-t-elle.

Un 3e étudiant estime être aussi dans une situation financière précaire qui lui cause une grande anxiété.

« On se fait un budget, mais on ne peut pas le respecter. On ne peut pas payer nos factures ou même rembourser nos proches », lâche-t-il.

MANQUE DE COMMUNICAT­ION

Les différents étudiants rencontrés par Le Journal déplorent un manque de communicat­ion important.

« On essaie d’avoir des réponses, alors on appelle, on envoie des courriels, mais on ne nous dit jamais rien », explique une étudiante.

Un autre s’indigne d’être toujours « balancé de gauche à droite, de ne jamais parler à la même personne ».

« Quand on s’est inscrits, on nous demandait des documents qu’on devait leur renvoyer en 24 heures. On faisait vraiment pression sur nous, alors qu’eux aujourd’hui, ils s’en foutent », s’indigne une 4e future préposée.

Dans un courriel, le CIUSSS du CentreSud de Montréal affirme avoir « respecté [son] engagement financier, sauf dans quelques situations particuliè­res où des informatio­ns manquantes [empêchaien­t] de remettre les sommes. »

Selon Jocelyne Boudreault, agente d’informatio­n pour l’organisati­on, plusieurs étudiants n’auraient pas « retourné le formulaire d’engagement rempli et signé » ou auraient donné des « adresses erronées ».

« Afin de remettre les sommes dues le plus rapidement possible, nous avons annulé les chèques envoyés à des adresses erronées et avons déposé les sommes par dépôt bancaire », affirme Mme Boudreault.

Un dépôt devait être fait hier pour ceux qui n’avaient encore rien reçu. Cependant, l’un des étudiants affirmait hier soir n’avoir toujours pas eu le dépôt.

PAS DE DATE FIXE

De son côté, le CIUSSS de l’ouest-de-l’îlede-montréal explique par courriel « qu’il n’y a pas de date fixe établie pour effectuer les versements ».

Pour « simplifier le processus et faire concorder les versements pour les différente­s dates de début de cohortes d’étudiants avec les établissem­ents », tous les étudiants seront payés à la même date, même si pour certains cela se fait un mois et demi après le premier dépôt.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas répondu à nos demandes.

« DES J’AI SHIFTSDANS ÉTÉ OBLIGÉ DE LES REPRENDRE BARS, UNE

SEMAINE SUR DEUX. JE SUIS OBLIGÉ

D’EMPRUNTER DE L’ARGENT À MES

AMIS, À MA FAMILLE PARCE QUE

JE NE PEUX PAS PAYER MON LOYER, MES

FACTURES OU MÊME MA BOUFFE ! »

– Un futur préposé aux bénéficiai­res

« QUAND ON S’EST INSCRITS, ON NOUS DEMANDAIT DES DOCUMENTS

QU’ON DEVAIT LEUR RENVOYER

EN 24 HEURES. ON FAISAIT VRAIMENT

PRESSION SUR NOUS, ALORS QU’EUX,

AUJOURD’HUI, ILS S’EN FOUTENT »

– Une future préposée aux bénéficiai­res

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PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD Depuis le 15 juin, des milliers d’étudiants ont commencé leur formation pour devenir préposés aux bénéficiai­res.

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