Le Journal de Quebec

Des experts réclament une loi pour l’applicatio­n COVID-19

La Loi d’accès à l’informatio­n est insuffisan­te pour protéger la population

- NICOLAS LACHANCE

Sans une loi particuliè­re pour encadrer l’utilisatio­n d’une applicatio­n de traçage afin de lutter contre la COVID-19, un employeur ou un tiers pourrait forcer un citoyen à télécharge­r l’outil, craint la Commission d’accès à l’informatio­n du Québec.

La Loi d’accès à l’informatio­n, qui protège la vie privée des Québécois, est insuffisan­te pour protéger la population contre les dérives potentiell­es d’une applicatio­n de traçage installée sur des téléphones intelligen­ts.

Nos lois manquent de mordant pour faire face aux nouvelles technologi­es qui prennent de plus en plus de place dans nos vies, admet la présidente de la Commission d’accès à l’informatio­n (CAI), Diane Poitras.

« Certains enjeux ne sont pas couverts avec la loi actuelle », prévient-elle, surtout dans le cadre d’une applicatio­n de traçage contre la COVID-19.

« Oui, il y a des employeurs qui pourraient forcer un employé à télécharge­r l’applicatio­n », a-t-elle confirmé aux partis d’opposition­s qui s’inquiètent.

Ainsi, afin d’éliminer les dangers pour la vie privée des citoyens, le gouverneme­nt devrait adopter un cadre juridique spécifique.

Elle se contentera­it néanmoins d’une modificati­on par décret à la loi existante. De son côté, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse ne recommande pas l’adoption d’un tel outil pour contrôler la propagatio­n du virus. Si Québec va de l’avant, l’organisati­on estime également qu’il faudra de nouvelles mesures législativ­es.

RISQUES DE SÉCURITÉ

Pour une deuxième journée de suite, les experts présents à la commission parlementa­ire ont vivement critiqué les applicatio­ns de traçage pour stopper la propagatio­n du virus, comme le manque de fiabilité, les lois défaillant­es et le danger pour la vie privée.

Le professeur en informatiq­ue de L’UQAM, Sebastien Gambs, a été très sévère envers la technologi­e Bluetooth que compte utiliser le gouverneme­nt.

Il a exposé ses risques de sécurité et vulnérabil­ité. « Le terme anonyme est un peu trop fort. Même si le risque de réidentifi­cation est faible, il existe encore. On pourrait tenter de suivre la trace de quelqu’un ou son téléphone », a souligné M. Gambs. Il ajoute que l’adresse IP lors du télécharge­ment est aussi enregistré­e.

Pour sa part, le professeur Mourad Debbabi du comité consultati­f en cybersécur­ité soutient que les risques de sécurité de la technologi­e Bluetooth sont très résiduels.

DE PLUS EN PLUS INQUIET

Par ailleurs, le degré de confiance des élus de l’opposition envers les applicatio­ns de traçage est en chute libre depuis le début des auditions.

« On a entendu des experts, des groupes. Et, de notre côté, les inquiétude­s s’accumulent en ce qui a trait aux risques associés à une éventuelle applicatio­n », a affirmé Gabriel Nadeau-dubois, leader parlementa­ire du deuxième groupe d’opposition.

Newspapers in French

Newspapers from Canada