Le combat perdu de l’intégration
Il faut admettre que la tentative n’a pas été sans douleur. Le Québec n’aura pas réussi à intégrer les immigrants des dernières décennies comme il souhaitait le faire.
Il faut dire que pour nombre d’immigrants récents revendiquant leur identité et les valeurs qui s’y rattachent, le mot intégration est associé à assimilation. De là à accuser les pays d’accueil de colonialisme blanc occidental, il n’y a qu’un pas vite franchi. Au Québec, la majorité, qui n’adhère pas vraiment au multiculturalisme d’ottawa, subit cette accusation.
Le jour où sont apparues des affiches d’immigration Canada dans les aéroports du pays portant le slogan « Bienvenue chez vous ! », tout était joué. Le multiculturalisme triompha. Car si vous êtes chez vous en mettant les pieds dans le pays, plus rien ne vous empêche de vivre comme dans le pays que vous avez quitté. Toutes les revendications au nom des accommodements « raisonnables » prennent leur source dans ce glissement du « nous » québécois vers le « vous » multiculturaliste.
RECUL
Imaginez la perte de poids politique d’un Québec voulant encore affirmer, mollement, précisons-le, sa distinction à travers sa loi sur la langue et celle sur la laïcité. La loi 101 a reculé, dû à la fois aux jugements de cour et à une espèce de regain de conscience majoritaire de la communauté anglo-québécoise. Mais, par-dessus tout, à cause de l’indifférence des nouvelles générations naviguant sur l’anglophilie des réseaux sociaux à la grandeur de la planète. Avouons-le, la défense de la langue française est perçue de plus en plus comme « ringarde ». Même en France.
Je n’aurais jamais cru qu’un jour, au Québec, défendre la langue française provoquerait un mépris de la part de francophones eux-mêmes. Un mépris et un agacement de même nature que ceux que nous manifestaient les anglophones de Montréal dans ma jeunesse, c’est-à-dire de la fin des années cinquante jusqu’à la Révolution tranquille.
Qui eût cru qu’aujourd’hui, de jeunes Québécois de souche soumis à l’endoctrinement des idéologues de la gauche antiraciste se croiraient les héritiers d’un racisme systémique et s’excuseraient pour toutes les exactions commises à l’endroit des non-blancs ? Et que dans la foulée de ces idées à la mode, ils s’interdiraient de défendre leur langue d’abord, mais aussi qu’ils n’oseraient plus exprimer quelque fierté d’être québécois. À moins d’être un Québécois LGBTQ+ !
AFFIRMATION
Avant que le Québec en entier ne devienne une addition de « ghettos », comme ce qui se passe à Montréal, des voix fortes, sages, modérées et connaissant bien notre histoire doivent s’élever pour affirmer sans peur et sans honte la légitimité de la distinction du Québec moderne.
Le Québec dirigé par un gouvernement majoritaire s’inspire du nationalisme progressiste des années soixante. Mais il est considéré comme raciste, intolérant et illégitime dans la défense de la langue française et de la culture laïque par des militants bruyants d’un multiculturalisme anti-intégration, qui se présente comme la voie royale de la démocratie postnationale. C’est là une imposture intellectuelle qui fait fi du passé. Dans cette perspective, le gouvernement caquiste, qui défend l’intégration dans la diversité, est un ennemi à vaincre.