Le Journal de Quebec

Un commerce emblématiq­ue victime de la bureaucrat­ie ?

Deschambau­lt-grondines exige le retrait d’un affichage publicitai­re

- JEAN-FRANÇOIS RACINE

Un litige sur l’affichage commercial fait rage à Deschambau­ltGrondine­s, dans Portneuf, alors que le conseil municipal veut forcer le magasin général ouvert depuis 1866 à repeindre une murale publicitai­re illégale.

Après deux ans de débat et une pétition de plusieurs centaines de signatures pour le maintien de la murale, la Municipali­té se montre toujours inflexible avec le commerce historique.

Le magasin général Paré, qui appartient à la même famille depuis cinq génération­s, est aujourd’hui dirigé par Samuel Hamelin.

Ce dernier déplore l’attitude intransige­ante des élus qui refusent toute dérogation au règlement. La dimension et le positionne­ment seraient en cause.

M. Hamelin admet toutefois avoir réalisé le projet sans détenir le permis nécessaire en 2018.

« C’est vrai. On n’a pas demandé de permis parce qu’ils n’auraient pas accepté. Ils sont réticents au changement et sans aucune ouverture aux idées de la population. Ça fait des années qu’on se bat pour améliorer l’affichage de nos commerces », explique M. Hamelin.

LONGUE BATAILLE

Sans révéler le montant exact, le propriétai­re a dépensé quelques milliers de dollars pour obtenir une oeuvre dans le style du 19e siècle.

Il s’attendait à une amende pour l’infraction, mais pas au retrait forcé de la murale.

« Je suis capable de reconnaîtr­e mes torts, mais d’enlever cette oeuvre d’art qui est devenue un emblème local, c’est incroyable. Quand c’est de bon goût, pourquoi se lier les mains comme ça ? » s’interroge-t-il.

Face à un dernier ultimatum en pleine pandémie, M. Hamelin a finalement décidé de recouvrir la murale en attendant le printemps 2021.

L’artiste qui a réalisé la murale est également furieux de la position ferme des élus.

« C’est une belle job de deux jours qui me tient à coeur. Honte sur le conseil municipal et la réglementa­tion de Deschambau­lt-grondines ! » a lancé hier le lettreur Pierre Tardif.

Selon lui, la murale s’harmonise très bien avec l’environnem­ent du village.

« Personne ne s’est opposé à ça et la Ville ne fait qu’abuser de son pouvoir. Il n’y a pas eu de plainte et tout le monde trouve ça extraordin­aire », termine M. Tardif, fier de son travail.

PAR ÉQUITÉ

Pour sa part, le maire de Deschambau­lt-grondines précise que la beauté de la murale n’est pas un critère dans cet affronteme­nt.

« On est le seul village-relais entre Québec et Trois-rivières et nous avons quatre fleurons. Notre réglementa­tion en urbanisme est assez sévère et elle existe pour tout le monde. Il n’y a jamais eu de demande de permis. On est fier de ce magasin, mais par équité, on ne peut pas autoriser ça. Dans l’évaluation, la beauté n’est pas un critère. Qui va juger de ça ? » affirme Gaston Arcand.

Pour la Municipali­té, l’unique solution semble désormais de repeinture­r le mur. « Absolument », répond le maire Arcand.

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3 1. et 2. En 2018, sans demander de permis à la Municipali­té de Deschambau­lt-grondines, le propriétai­re Samuel Hamelin a confié à l’artiste Pierre Tardif le mandat de réaliser une murale commercial­e pour son magasin. 3. Face à un ultimatum de la Municipali­té, M. Hamelin a décidé de recouvrir la murale en attendant le printemps 2021.
PHOTOS COURTOISIE 1 2 3 1. et 2. En 2018, sans demander de permis à la Municipali­té de Deschambau­lt-grondines, le propriétai­re Samuel Hamelin a confié à l’artiste Pierre Tardif le mandat de réaliser une murale commercial­e pour son magasin. 3. Face à un ultimatum de la Municipali­té, M. Hamelin a décidé de recouvrir la murale en attendant le printemps 2021.

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