Le Journal de Quebec

La congestion pourrait empirer sur les routes, prévoient les experts

- STÉPHANIE MARTIN

Le retour à la normale sur les routes quelques mois après le confinemen­t du printemps laisse entrevoir une tendance qui pourrait empirer la congestion, affirment des experts.

Le Journal révélait hier que la situation était revenue pratiqueme­nt à la normale sur les routes dès le déconfinem­ent entamé. À la lumière des chiffres du MTQ sur une si courte période, la situation dans la circulatio­n risque de dégénérer à moyen terme, avant de revenir à la normale, éventuelle­ment, selon Jean Dubé, économiste et professeur agrégé à l’université Laval.

« Comme on voit déjà le niveau de trafic qu’on avait avant, probableme­nt que le trafic va augmenter encore plus. Jusqu’à ce que les gens se disent qu’ils sont tannés de perdre leur temps dans la voiture et prennent la décision de retourner vers le transport en commun. » Mais entre-temps, on risque de vivre une « bulle » durant laquelle « je suis pas mal certain que ça va s’empirer », dit-il.

Car il observe deux phénomènes. Premièreme­nt, les gens ont recommencé rapidement à bouger après le déconfinem­ent. Ensuite, les gens habitués de prendre le transport en commun ont peut-être opté pour la voiture, qu’ils jugent plus sécuritair­e, pendant la pandémie. Cela annule en partie les effets du télétravai­l.

Un avis partagé par François Pépin, de Trajectoir­e Québec. Il appréhende une situation qui s’empirera dans la congestion, à moyen terme. « S’il y a plus d’autos sur la route quand on va être revenus, ça va être un capharnaüm. Avant que les gens décident de changer leurs comporteme­nts, va falloir qu’ils aient vécu l’enfer. »

Il note que selon un sondage réalisé par son organisati­on, 75 % des utilisateu­rs réguliers du transport collectif au Québec envisageai­ent de retourner dans les bus une fois la crise passée. « Mais 25 % ont indiqué qu’ils ne l’utiliserai­ent plus. Et ces 25 %, ils sont en auto », dit-il.

LIMITES DU TÉLÉTRAVAI­L

Pour Jean Mercier, professeur retraité du Départemen­t de science politique de l’université Laval, « on a découvert le télétravai­l, pendant la pandémie, mais on a aussi découvert les limites du télétravai­l ».

D’ailleurs, dans le contexte où l’achalandag­e du Réseau de transport de la Capitale n’a pas retrouvé ses niveaux d’avant la crise, M. Mercier constate que « c’est une mauvaise nouvelle pour le transport en commun ».

« C’est un exemple parfait de ce qu’on appelle la demande induite », dit Jean Dubé. Voyant l’espace qui s’est créé sur les routes, les automobili­stes ont immédiatem­ent tendance à s’y engouffrer, ce faisant, augmentant les débits quotidiens.

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