La première paie de certains préposés est loin du 26 $/h
Beaucoup ont de nouveau le sentiment de s’être fait flouer par le gouvernement
Après avoir reçu leur première paie du gouvernement, plusieurs nouveaux préposés aux bénéficiaires sont déçus de constater qu’ils ne toucheront les 26 $ l’heure promis que s’ils travaillent à temps plein et sans jamais s’absenter.
« J’avais tellement confiance au gouvernement quand il nous a réitéré plusieurs fois que ça allait être 26 $/h. […] C’est vraiment décevant, c’est une vraie
joke. On ne fait pas ça pour l’argent, mais un moment donné, il faut vivre », déplore une nouvelle préposée aux bénéficiaires (PAB) qui a demandé à garder l’anonymat par peur de représailles.
Comme elle, plusieurs nouveaux PAB ont eu la mauvaise surprise, hier, de ne pas recevoir la paie qui leur est pourtant promise. Au mois de juin, le premier ministre du Québec, François Legault, avait lancé une vaste campagne de recrutement de PAB en leur promettant une formation payée à 21 $/h, en plus d’un emploi à temps plein avec un salaire de 26 $/h.
Car en fait, il faut que ces nouveaux employés de la santé travaillent un mois sans aucune absence, que ce soit un congé personnel ou de maladie, pour obtenir plusieurs montants forfaitaires.
En effet, le « montant forfaitaire en CHSLD », le « montant forfaitaire pour une prestation de travail à temps complet en CHSLD » et les « montants forfaitaires temps complets après 4 semaines » font monter le salaire à 26,67 $/h. Ces derniers ne sont par contre ajoutés qu’à la dernière paie de chaque mois et seulement si l’employé a respecté toutes les conditions.
DES SALAIRES BIEN EN DESSOUS
Ainsi, en attendant leur seconde paie, les salaires sont loin du montant annoncé par François Legault.
« En travaillant en zone COVID, j’ai reçu une paie de 24,45 $ de l’heure, parce que j’ai travaillé en plus la fin de semaine et les soirs. C’est très décevant parce que ce ne sont pas les 26 $ qu’on nous promet depuis le premier jour », déplore une autre nouvelle préposée. Au bout d’une année de travail, cela représente une grosse différence.
Certains ont même des salaires qui sont en dessous de 22 $/h, suivant les talons de paie consultés par Le Journal.
Pour ces nouveaux PAB, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
« On risque de perdre [les montants forfaitaires] qui nous amènent à 26 $ parce qu’on est humains et que comme tout le monde on peut avoir des imprévus, se questionne une troisième préposée. Ce n’était pas dans les petits caractères de ce qu’on nous avait promis ! On est disponibles pour faire du temps plein, mais on fait quoi quand notre enfant est malade et qu’on ne peut pas rentrer travailler ? »
Entre l’impression de s’être fait flouer par Québec et les conditions difficiles de travail en plein milieu de la pandémie, plusieurs s’interrogent déjà sur leur avenir dans le milieu.
« Ce qui est triste, c’est qu’on est nombreux à avoir trouvé notre vocation, à faire ce travail avec coeur. Mais on ne peut pas se faire traiter comme ça, c’est une question de principe », confie un quatrième PAB, qui songe à quitter son emploi dès que son contrat se terminera pour ne pas avoir à rembourser les 9200 $ de bourses qui leur ont été donnés pour suivre la formation.