Le Journal de Quebec

La première paie de certains préposés est loin du 26 $/h

Beaucoup ont de nouveau le sentiment de s’être fait flouer par le gouverneme­nt

- CLARA LOISEAU ET JÉRÉMY BERNIER

Après avoir reçu leur première paie du gouverneme­nt, plusieurs nouveaux préposés aux bénéficiai­res sont déçus de constater qu’ils ne toucheront les 26 $ l’heure promis que s’ils travaillen­t à temps plein et sans jamais s’absenter.

« J’avais tellement confiance au gouverneme­nt quand il nous a réitéré plusieurs fois que ça allait être 26 $/h. […] C’est vraiment décevant, c’est une vraie

joke. On ne fait pas ça pour l’argent, mais un moment donné, il faut vivre », déplore une nouvelle préposée aux bénéficiai­res (PAB) qui a demandé à garder l’anonymat par peur de représaill­es.

Comme elle, plusieurs nouveaux PAB ont eu la mauvaise surprise, hier, de ne pas recevoir la paie qui leur est pourtant promise. Au mois de juin, le premier ministre du Québec, François Legault, avait lancé une vaste campagne de recrutemen­t de PAB en leur promettant une formation payée à 21 $/h, en plus d’un emploi à temps plein avec un salaire de 26 $/h.

Car en fait, il faut que ces nouveaux employés de la santé travaillen­t un mois sans aucune absence, que ce soit un congé personnel ou de maladie, pour obtenir plusieurs montants forfaitair­es.

En effet, le « montant forfaitair­e en CHSLD », le « montant forfaitair­e pour une prestation de travail à temps complet en CHSLD » et les « montants forfaitair­es temps complets après 4 semaines » font monter le salaire à 26,67 $/h. Ces derniers ne sont par contre ajoutés qu’à la dernière paie de chaque mois et seulement si l’employé a respecté toutes les conditions.

DES SALAIRES BIEN EN DESSOUS

Ainsi, en attendant leur seconde paie, les salaires sont loin du montant annoncé par François Legault.

« En travaillan­t en zone COVID, j’ai reçu une paie de 24,45 $ de l’heure, parce que j’ai travaillé en plus la fin de semaine et les soirs. C’est très décevant parce que ce ne sont pas les 26 $ qu’on nous promet depuis le premier jour », déplore une autre nouvelle préposée. Au bout d’une année de travail, cela représente une grosse différence.

Certains ont même des salaires qui sont en dessous de 22 $/h, suivant les talons de paie consultés par Le Journal.

Pour ces nouveaux PAB, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

« On risque de perdre [les montants forfaitair­es] qui nous amènent à 26 $ parce qu’on est humains et que comme tout le monde on peut avoir des imprévus, se questionne une troisième préposée. Ce n’était pas dans les petits caractères de ce qu’on nous avait promis ! On est disponible­s pour faire du temps plein, mais on fait quoi quand notre enfant est malade et qu’on ne peut pas rentrer travailler ? »

Entre l’impression de s’être fait flouer par Québec et les conditions difficiles de travail en plein milieu de la pandémie, plusieurs s’interrogen­t déjà sur leur avenir dans le milieu.

« Ce qui est triste, c’est qu’on est nombreux à avoir trouvé notre vocation, à faire ce travail avec coeur. Mais on ne peut pas se faire traiter comme ça, c’est une question de principe », confie un quatrième PAB, qui songe à quitter son emploi dès que son contrat se terminera pour ne pas avoir à rembourser les 9200 $ de bourses qui leur ont été donnés pour suivre la formation.

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