Femmes, ambition et politique
Kamala Harris devenait mercredi soir la troisième femme seulement à participer à un débat pour la vice-présidence. Tout comme moi, vous avez probablement lu ou entendu que des analystes lui suggéraient de modérer ses ardeurs pour éviter de dégager trop d’agressivité.
Si pendant longtemps, trop, des électeurs percevaient différemment les émotions masculines et féminines, une étude récente de l’université Harvard pointe vers une évolution positive pour les candidates. Il semble qu’une femme n’ait plus, ou beaucoup moins, à cacher son ambition, sa fougue ou son indignation.
HILLARY CLINTON TROP AMBITIEUSE ?
L’étude* dirigée par Ana
Catalano Weeks (Columbia University) et Sparsha Saha (Harvard) a débuté après la défaite d’hillary Clinton aux mains de Donald Trump. Tout comme bien des observateurs, elles se demandaient si la démocrate n’avait pas été victime d’un biais défavorable parce qu’elle est une femme ambitieuse qui tentait d’obtenir « l’ultime promotion ».
Dès le lendemain de la victoire de Donald Trump, je m’étais empressé de relever que malgré d’évidentes qualités, Hillary Clinton n’était pas une bonne candidate. Elle peinait à se démarquer, elle polarisait et son équipe avait fait montre de négligence en sous-estimant la colère des électeurs, particulièrement dans certains États pivots.
Les résultats présentés par Weeks et Saha vont dans la même direction que mon constat. Les électeurs, aussi bien républicains que démocrates (dans une proportion plus forte), ne « punissent » plus une femme pour son ambition, sa personnalité, ses idées ou sa capacité à bien gérer famille et carrière. Selon Sparsha Saha : « When women run for office, they win ». Lorsque les femmes tentent de se faire élire, elles y parviennent.
LES FEMMES DE PLUS EN PLUS NOMBREUSES !
Certaines candidatures passées ou encore la composition actuelle du Congrès tendent à confirmer les conclusions de l’étude. Des candidates comme Sarah Palin ou encore Alexandria Ocasio-cortez ne se sont jamais fait reprocher d’être trop ambitieuses.
Le 116e Congrès de l’histoire est celui qui présente la plus forte représentation féminine. On dénombre 105 femmes à la Chambre et 26 au Sénat. Pour le cycle électoral 2020, les femmes représentent 36 % de toutes les candidatures à la Chambre et 31 % de celles au Sénat. Si on ne peut évoquer la parité, les progrès sont importants et bien réels.
Pendant le débat de mercredi, j’étais à la fois impressionné par le calme et l’assurance de Mike Pence tout en étant intrigué par la retenue de Kamala Harris. J’avais l’impression qu’elle s’abstenait de le confronter de manière plus agressive sur des mensonges pour appliquer les conseils de stratèges. Au final, elle n’avait peut-être pas besoin de respecter leur avis.
Les résultats de l’étude de Saha et de Weeks constituent une bonne nouvelle pour la démocratie. Bien qu’il ne s’agisse que d’une première étude dans ce genre, je ne peux m’empêcher de suggérer une diffusion large.
Donald Trump pourrait même s’en inspirer, lui qui, jeudi, n’hésitait pas à qualifier Kamala Harris de « monstre ».