Pas de bulletin : une erreur
Les élèves québécois auront deux bulletins plutôt que trois cette année. Celui de novembre est annulé. Toujours la même raison invoquée, la pandémie.
Certes, la pandémie bouscule nos habitudes et nous complique l’existence. Mais elle a aussi le dos large pour justifier ce qui fonctionne croche et fournir un prétexte à ceux qui veulent en faire moins.
La pandémie exige un effort supplémentaire à chacun ? Alors, fournissons cet effort supplémentaire plutôt que de toujours baisser la barre.
Ah ! C’est vrai ! Ce que je viens de dire contrevient à l’esprit de la convention collective.
AVOIR UN PORTRAIT, ET VITE !
Nous aurions besoin de ce bulletin scolaire de novembre plus que jamais. La dernière année scolaire s’est terminée en queue de poisson dans la région de Montréal. Ailleurs au Québec, ce fut moins pire, mais il a quand même manqué deux mois.
La version officielle consiste à tout minimiser, mais la réalité, c’est que certains jeunes ont accumulé un retard sérieux. L’apprentissage de la lecture interrompu chez les plus jeunes peut avoir un impact sur toute la suite des études.
Le passage d’un niveau à l’autre sans avoir maîtrisé toutes les notions risque de compliquer la vie des plus faibles dans une discipline comme les mathématiques. Ce sont des exemples.
Les parents souhaiteraient avoir un portrait de la situation personnelle de leur enfant le plus vite possible. Il faut obtenir une mesure la plus juste possible de la situation pour aider l’enfant.
Le portrait de situation n’est pas simplement nécessairement sur le plan individuel. Nous avons également besoin d’un portrait collectif.
La direction d’une école devrait être en mesure de connaître l’état des lieux. S’il faut tirer la sonnette d’alarme, aller chercher des ressources supplémentaires pour éviter un raz-de-marée d’échecs, il vaudrait mieux le savoir au plus vite.
Cela est aussi vrai pour le ministre de l’éducation, à son échelle. Le report du bulletin en janvier va garder tout le monde dans l’obscurité, presque jusqu’à la moitié de l’année scolaire. C’est regrettable.
On nous répondra qu’il y aura une communication aux parents en novembre. « Votre enfant s’intègre bien au groupe et fait des efforts ». Merci.
Peut-être, dans certains cas de retards flagrants, l’enseignant lèvera un drapeau au parent. Mais cela ne suffit pas à fournir un portrait valable des apprentissages dans une année où tant de questions se posent. Ce prix de consolation n’est pas à la hauteur du moment.
DISTRACTIONS
Les nouvelles règles sanitaires imposées cette semaine dans les écoles en zone rouge ont lancé un débat sur les jeunes. Vont-ils être traumatisés par le port du masque ? Des parents ont poussé les hauts cris.
Pourtant, lorsque nos journalistes sont allés poser la question aux élèves, ceux-ci minimisaient l’affaire en levant les épaules. Quand les enfants sont plus raisonnables…
Le véritable enjeu qui devrait attirer notre attention concernant la pandémie et les enfants, c’est la réussite scolaire. Une hausse du décrochage, ça, c’est un vrai drame !