COVID-19 ? Le pire au Québec
Le premier ministre Legault n’arrive plus à cacher son inquiétude. « C’est pas le temps de se décourager. C’est pas le temps d’être négatif », a-t-il déclaré mercredi. Pourrait-on en tout respect lui rétorquer : vous parlez de vousmême sans doute.
On peut légitimement s’interroger sur l’état d’esprit de celui qui au début de la pandémie il y a sept mois a réussi l’exploit de rassurer la population, de rester en contact non seulement politiquement, mais affectivement avec les citoyens.
Comme tous les Québécois, la tragédie dans les CHSLD a atterré monsieur Legault. Mais il a réussi à surmonter le choc et a tenté de corriger, malgré la gabegie bureaucratique, la situation catastrophique.
Il a décidé, à l’évidence, de faire confiance aux Québécois. Est-ce par tempérament ? Car il semble bien que la manière autoritaire d’imposer ses directives le rebute.
MYSTÈRE
Hélas, la détérioration de la situation de la pandémie au Québec ne cesse de s’accélérer. Certains parlent du « mystère » de l’ontario de Doug Ford qui a réussi à contrôler le virus et à avoir beaucoup moins de cas de contamination que le Québec, avec une population plus élevée (15 millions) que chez nous (8 millions et demi).
En fait, le vrai « mystère » est québécois. Nous nous retrouvons en tête de tous les cas de COVID-19. En date du 7 octobre, on compte au Canada
170 123 cas, dont 55 945 en Ontario et 81 914 au Québec !
Comment expliquer ce phénomène qui relève à la fois de la psychologie collective et du poids de l’histoire religieuse et politique ?
Ceux qui ont une connaissance historique ou de la mémoire ont rappelé cette semaine la remarque de l’ex-premier ministre Lucien Bouchard, qui avait osé dire que les Québécois étaient moins travaillants que les Américains et les Ontariens. Il avait reçu une volée de bois vert. Mais statistiquement, il avait raison.
ORIGINES LATINES
Au début de la pandémie, les Québécois paraissaient si obéissants. Depuis ils semblent s’être relâchés. Bien sûr, nous sommes majoritairement de tempérament latin. Mais notre « joie de vivre », expression qui n’existe pas en anglais, obligeant les Anglais à utiliser les mêmes mots français que nous, serait-elle plus mythique que réelle ?
Le danger de mourir de la COVID-19 ou de subir des complications pour la vie ne serait pas suffisant pour nous contraindre à respecter les consignes de la Santé publique transmises par celui qui incarne l’autorité, à savoir le premier ministre.
Y a-t-il plus de têtes folles, plus d’adolescents délinquants, plus de complotistes et autres personnes souffrant de problèmes psychosociaux au Québec que dans le reste du Canada ?
Au Québec, sommes-nous moins respectueux de ceux qui sont plus fragiles, comme les vieux ou les malades chroniques ? Sommes-nous moins gouvernables, plus défiants envers l’autorité ? Le ministre de la Santé, Christian
Dubé, aurait donc raison d’avoir lancé l’accusation, à savoir que nous sommes moins obéissants que les Ontariens ?
Sommes-nous capables d’autocritique, signe de maturité ? Les terribles statistiques nous concernant témoigneraient-elles moins d’une incompétence de nos dirigeants que de nos traits culturels profonds, socialement mortifères ?