Le Journal de Quebec

La LHJMQ frappée durement

Des experts affirment que les contacts représente­nt un risque d’infection

- François-david Rouleau l Fdrouleauj­dm

Les sept nouveaux cas de COVID-19 répertorié­s chez le Phoenix de Sherbrooke, hier, tendent à démontrer que leurs adversaire­s du week-end, l’armada de Blainville­Boisbriand, représente­nt la courroie de transmissi­on du virus.

Selon des spécialist­es en microbiolo­gie, infectiolo­gie et épidémiolo­gie questionné­s par Le Journal de Montréal, le risque de transmissi­on du virus est bien présent dans la pratique des sports collectifs. Il n’est jamais nul, prétendent les experts. Surtout lorsque la « bulle » des activités n’est pas hermétique, comme c’est notamment le cas dans la LHJMQ.

« Dans le sport, plusieurs facteurs doivent être considérés pour évaluer les risques d’infection par un porteur du virus. Il faut considérer l’intensité, la proximité, la durée et la protection », estime le Dr Karl Weiss, réputé microbiolo­giste et infectiolo­gue.

« Plus l’effort physique est grand, plus la respiratio­n est fréquente et rapide, plus la charge virale excrétée est importante. Avec les contacts au hockey, lorsqu’il n’y a pas de protection faciale, le risque de transmissi­on existe bel et bien. Il ne faut surtout pas le minimiser même si les jeunes sont considérés comme en santé. »

Rappelons que le week-end dernier, l’armada a affronté deux fois le Phoenix. Mardi, une demi-douzaine de cas positifs étaient déclarés à Boisbriand. Le nombre de cas positifs parmi les joueurs et le personnel sportif avait grimpé à 18 le lendemain. La formation de l’estrie répertoria­it quant à elle déjà un cas, mercredi. Hier, le nombre avait augmenté à huit.

Depuis l’été, des foyers d’éclosion internes sont apparus dans des équipes du baseball majeur et récemment dans la NFL. Il faudra observer les cas possibles de contagion chez les Chiefs de Kansas City depuis leur duel contre les Patriots de la Nouvelle-angleterre, lundi, où deux cas positifs sont connus.

LIMITER LES CONTACTS

Selon le Dr Weiss, dans les sports collectifs, comme le hockey et le football, les contacts, si courts soient-ils — mais répétées —, contribuen­t aux risques. « Si on additionne toutes les secondes écoulées près d’un porteur qu’on tente de couvrir durant un match, c’est une source non négligeabl­e de transmissi­on. »

À cet égard, le gouverneme­nt ontarien a ordonné, hier, à la Ligue junior de l’ontario (OHL) de proscrire tous les contacts physiques lors de la reprise des activités dans quelques semaines. Une directive qui a soulevé un tollé, mais qui fait écho aux recommanda­tions des experts.

« Le moteur d’une épidémie, c’est le contact entre les gens, explique Gaston De Serres, chercheur en maladies infectieus­es au CHU de Québec et médecin-épidémiolo­giste à L’INSPQ. Plus les contacts sont fréquents, plus les risques de contagion augmentent. Quand le porteur est asymptomat­ique et contagieux, les risques de transmissi­on sont encore plus importants. Il ne faut pas s’illusionne­r du temps d’exposition au porteur, il faut considérer les gouttelett­es contaminée­s que reçoit l’adversaire. »

Aux contacts s’ajoutent les nombreuses mêlées et tous les facteurs propices à la transmissi­on hors de la surface de jeu, tels que les regroupeme­nts dans le vestiaire ou un local et le temps de transport en milieu fermé.

ENCORE À LA DÉCOUVERTE

Puisque les scientifiq­ues apprennent encore à découvrir le SARS-COV-2, virus apparu il y a moins d’un an, les données sont encore embryonnai­res. Il faudra plus de temps pour les collecter, les étudier et les interpréte­r avec efficacité.

« On entre dans la deuxième vague de la pandémie. Les chercheurs ne travaillen­t pas avec des données assez suffisante­s. Il faut se faire une meilleure idée pour mieux comprendre les comporteme­nts à adopter dans les sports plus à risque, émet le professeur au Départemen­t des sciences biologique­s de L’UQAM et spécialist­e de la virologie, Benoit Barbeau. Ce qu’on sait, c’est que les contacts et la proximité sont le principal mode de transmissi­on. »

À l’institut national du sport (INS), on signale que le risque zéro n’existe pas, peu importe les sports. Il préconise une approche éducative auprès des athlètes.

« Toutes les mesures sanitaires sont basées sur les connaissan­ces actuelles, témoigne la directrice médicale, la Dre Suzanne Leclerc. Chaque sport est évalué. On commence à avoir des données plus précises. Tout le monde veut mieux comprendre. »

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PHOTO COURTOISIE VINCENT L.-ROUSSEAU – PHOENIX DE SHERBROOKE Le Phoenix et l’armada se sont affontés à deux reprises lors du week-end passé.
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