Le Journal de Quebec

Le Canada mise sur 6 vaccins

Face à un virus aussi contagieux que le coronaviru­s actuel, le masque demeure le meilleur moyen de diminuer le nombre de particules virales absorbées pour permettre à l’immunité de neutralise­r l’infection.

- Dr Richard Béliveau

La course aux médicament­s contre la COVID-19 ne doit pas nous faire oublier que la prévention représente un aspect essentiel dans notre combat contre cette maladie. En plus des mesures d’hygiène de base comme se laver régulièrem­ent les mains, il est de plus en plus évident que le port du masque peut jouer un rôle très important pour atténuer la transmissi­on du virus et éviter une croissance exponentie­lle du nombre de personnes infectées.

TRANSMISSI­ON AÉRIENNE

Le coronaviru­s se transmet principale­ment par les gouttelett­es sécrétées par une personne infectée, qu’elle soit symptomati­que ou non. Ces particules, qui sont assez volumineus­es, tombent rapidement au sol et ne franchisse­nt généraleme­nt pas une distance supérieure à 2 mètres (d’où la recommanda­tion de maintenir cette distance entre les personnes).

Par contre, plusieurs observatio­ns réalisées depuis le début de la pandémie laissent croire que le virus peut également se propager sous forme de particules beaucoup plus petites : ces aérosols sont plus légers, demeurent suspendus dans l’air plus longtemps et peuvent donc se répandre sur des distances importante­s dans une pièce fermée (d’une façon analogue à une bouffée de cigarette).

Le port du masque demeure alors la seule façon de diminuer l’entrée de ces particules virales en suspension au niveau du nez et de la bouche( 1).

DIMINUER L’INFECTION

La fonction première du masque est d’agir comme une barrière physique qui empêche la grande majorité des particules virales d’être expulsées (dans le cas des personnes infectées) ou d’être captées par les personnes présentes à proximité.

Un point intéressan­t, souvent négligé, est que le masque n’a pas besoin d’être efficace à 100 % pour avoir un rôle positif : plusieurs études indiquent que la sévérité des virus respiratoi­res, comme celui de la COVID-19, est en général proportion­nelle à la quantité de virus (l’inoculum) absorbée lors de l’infection( 2).

Lorsqu’il est présent en trop grand nombre, le virus surcharge notre système immunitair­e et provoque une inflammati­on incontrôlé­e qui compromet la fonction de plusieurs organes vitaux. En diminuant le nombre de particules virales qui pénètrent à l’intérieur du corps, le masque permet donc au système immunitair­e de neutralise­r plus efficaceme­nt le virus, de réduire la charge virale et d’empêcher l’évolution de la maladie vers des stades plus avancés( 3).

Les données obtenues avec des modèles animaux infectés avec le coronaviru­s SARS-COV-2 suggèrent fortement que cette réduction du nombre de virus peut effectivem­ent réduire la sévérité de la COVID-19.

Par exemple, une étude a montré que des modèles infectés avec une dose élevée de virus ont été plus malades que ceux auxquels on avait administré une petite quantité de particules virales( 4).

Une autre étude a quant à elle observé que ceux qui portaient un masque étaient moins susceptibl­es de développer la COVID-19 ou, lorsqu’ils étaient infectés, présentaie­nt des formes beaucoup moins sévères de la maladie( 5).

VARIOLISAT­ION

Selon un commentair­e récemment paru dans le célèbre New England Jour

nal of Medicine( 2), cet effet protecteur du masque est analogue à la variolisat­ion. Avant la découverte d’un vaccin contre la variole, on inoculait une toute petite quantité du virus à des personnes bien portantes pour créer une légère infection qui stimulait leur immunité et leur permettait de devenir résistante­s au virus.

Les auteurs proposent de considérer le masque comme une forme de variolisat­ion, une façon d’exposer le corps à un minimum de particules virales de façon à permettre à l’immunité de développer une réponse qui va neutralise­r le virus et empêcher la maladie d’évoluer vers des formes sévères qui mettent la vie de la personne infectée en danger, à cause d’une charge virale trop élevée.

Autrement dit, le masque n’empêche pas complèteme­nt la transmissi­on du virus, mais les personnes infectées demeurent asymptomat­iques ou développen­t des formes plus légères de la COVID-19.

Cette réduction des dommages est extrêmemen­t importante, non seulement parce qu’elle permet de sauver de nombreuses vies, mais aussi parce qu’elle diminue le risque de voir le système de santé paralysé et devenir incapable de soigner adéquateme­nt les personnes touchées par d’autres maladies graves (chirurgies, traitement­s anticancér­eux).

On mentionne de plus en plus souvent qu’on doit apprendre à s’adapter à la présence du coronaviru­s si on veut retrouver une vie à peu près normale.

En limitant les dégâts causés par le virus, le masque est un outil indispensa­ble à cette adaptation, en attendant que le taux de transmissi­on du virus puisse être significat­ivement réduit à l’aide d’un vaccin efficace, sécuritair­e et administré à de larges segments de la population.

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