Charest réclame 1 million $ à Québec
L’ex-premier ministre allègue une violation de sa vie privée après des fuites médiatiques sur l’enquête Mâchurer
cation Il est manifeste du dossier que d’enquête la publi[sur Jean Charest] provient directement d’un coulage par un membre du personnel du Commissaire [de L’UPAC], ce qui constitue de sa part un abus de pouvoir empreint de mauvaise foi et de témérité. »
Le demandeur [M. Charest] a également souffert de voir les mêmes préjudices infligés à sa famille. »
Le comportement du Commissaire et de son personnel […] constitue des fautes manifestes, de la grossière négligence et un manquement aux exigences de la bonne foi. »
L’ex-premier ministre Jean Charest réclame plus d’un million de dollars au gouvernement du Québec, estimant que sa vie privée a été « violée » par les fuites médiatiques d’une enquête de l’unité permanente anticorruption.
M. Charest, qui est l’un des sujets d’intérêt de l’enquête Mâchurer sur des allégations de financement illégal au Parti libéral du Québec (PLQ), poursuit l’état québécois pour très exactement 1 050 000 $.
« Au cours des dernières années, des informations confidentielles sur ma privée ainsi que sur ma famille ont fait l’objet de plusieurs fuites médiatiques. Ces fuites sont illégales et constituent de surcroît une entrave à la justice », allègue-t-il dans une déclaration publiée hier.
L’ex-premier ministre tient l’unité permanente anticorruption (UPAC) et le gouvernement comme responsables de cette « violation ».
Il fait même une association entre le nom de l’enquête et le traitement dont il affirme avoir été victime.
« Le commissaire de L’UPAC et son personnel ont baptisé cette enquête “Mâchurer”, terme qui se définit notamment comme “barbouiller de noir”, “calomnier quelqu’un, c’est-à-dire noircir sa réputation” ou “dire du mal de quelqu’un afin d’en salir la réputation” », peut-on lire dans sa déclaration.
NÉGOCIATIONS EN COULISSES
En coulisses, Jean Charest et ses avocats ont même tenté de négocier avec Québec, en proposant de renoncer à des poursuites en échange d’excuses publiques de la part du gouvernement. Un recours à la médiation aurait aussi été proposé, selon ce qu’avance le clan Charest.
« Mon offre a été refusée », déplore l’exchef du PLQ.
Dans la requête déposée au palais de justice de Montréal, Charest revient sur des informations à son sujet publiées dans
Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec à partir du mois d’avril 2017, « pour être ensuite reprises par d’autres médias ».
On y apprenait notamment que ses passages à la frontière américaine avaient été épiés par les policiers, qui avaient aussi dressé une fiche signalétique de l’ancien premier ministre.
Il affirme avoir éprouvé « des sentiments de frustration et d’embarras de voir des renseignements colligés à son sujet étalés à répétition au grand public par la faute de tous les administrateurs publics ».
Sa poursuite ne vise toutefois aucun groupe médiatique.
IL EN RIAIT EN 2017
En novembre 2017, Jean Charest avait pourtant tourné en dérision les informations publiées à son sujet relativement à l’enquête Mâchurer.
« Je sais que vous aussi, vous suivez mes activités, qui sont rapportées de temps en temps dans les journaux. Je sais, parce que moi aussi, j’apprends ce que je fais dans les journaux », avait-il lancé sur un ton humoristique dans un discours à des militants libéraux réunis en congrès.
Toutefois, au cours des derniers mois, le clan Charest montrait des signes d’impatience. En janvier, son avocat, Michel Massicotte, a publiquement réclamé la fin de l’enquête Mâchurer, affirmant que son client n’avait rien commis d’illégal.
Quatre jours plus tard, l’ex-premier ministre renonçait à la course à la direction du Parti conservateur du Canada.
Selon la thèse policière, des firmes auraient fait des dons illégaux au parti en échange d’influence ou de promesse d’influence de la part de membres du gouvernement ou du PLQ. Plus de 300 témoins ont été rencontrés, mais à ce jour, personne n’a été arrêté.