Le Journal de Quebec

Climat toxique chez les médecins spécialist­es

Un ancien cadre réclame 1,5 million $ pour congédieme­nt abusif

- ÉRIC YVAN LEMAY

Un ancien directeur de la Fédération des médecins spécialist­es réclame 1,5 million $ pour congédieme­nt abusif. Dans sa poursuite, il dénonce le climat de peur, du harcèlemen­t psychologi­que et le leadership toxique de la présidente, Diane Francoeur.

L’ancien directeur des affaires juridiques, Sylvain Bellavance, indique dans la requête déposée au palais de justice de Montréal qu’il a appris son congédieme­nt par texto en juillet 2019 pendant qu’il était en congé de maladie.

L’avocat de formation travaillai­t sans interrupti­on à la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ) depuis 1994. Il indique que c’est après le départ de Gaétan Barrette et l’arrivée de l’actuelle présidente, en 2014, que tout a basculé.

« Au fil du temps, les interactio­ns avec la présidente se traduisire­nt de plus en plus par son réflexe accru de dénigrer les autres en les qualifiant de termes péjoratifs divers – moron, moronne finie, “crétin”, etc. – », indique la poursuite de 58 pages.

UN IMPORTANT ROULEMENT

Les négociatio­ns difficiles et les lois adoptées par le gouverneme­nt de Philippe Couillard pour inciter les médecins à travailler plus auraient contribué à la dégradatio­n du climat de travail.

Sylvain Bellavance était à la table de négociatio­n avec Québec lors des différente­s rondes de négociatio­n.

« Au niveau de la gestion interne de l’organisati­on de la défenderes­se (FMSQ), cette période permet malheureus­ement de révéler le manque de leadership, voire le leadership toxique, de la présidente », peut-on lire dans la poursuite.

Selon le document, à peine 30 % des 55 personnes qui étaient en poste à la Fédération lors de l’arrivée en fonction de Diane Francoeur sont toujours là. Plusieurs ont décidé de partir, ont été congédiées ou se sont retrouvées en congé de maladie.

Une firme de psychologi­e organisati­onnelle a été embauchée pour tenter de trouver des solutions à l’interne. Sylvain Bellavance indique avoir été déçu de l’exercice, comme plusieurs de ses collègues.

Les difficiles négociatio­ns pour son nouveau contrat de travail en 2018 et 2019 ont accéléré la dégradatio­n du climat de travail. En mars, il a pris un congé de maladie.

« CETTE RÉALITÉ A CONTRIBUÉ À INSTAURER UN CLIMAT DE TERREUR OÙ CEUX QUI DEVAIENT INTERAGIR AVEC LA PRÉSIDENTE DEVAIENT SOIT SE TAIRE ET JOUER LE JEU AFIN D’ÉVITER SES FOUDRES OU SOIT ENCAISSER SA CONDUITE MALVEILLAN­TE. » – Extrait de la poursuite intentée par Me Sylvain Bellavance

QUATRIÈME RECOURS

Au moment où il songeait à revenir, on lui a annoncé la terminaiso­n de son contrat. Il a porté plainte pour harcèlemen­t psychologi­que à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. Il dit avoir tenté de négocier des indemnités, en vain.

La FMSQ a réagi par communiqué en disant avoir pris connaissan­ce à regret de la poursuite. Il s’agit du quatrième recours entamé par Me Bellavance à la suite de son congédieme­nt.

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN D’ARCHIVES ?? L’ancien directeur des affaires juridiques de la Fédération des médecins spécialist­es dénonce, dans sa poursuite, le traitement qu’il dit avoir subi de la part de la présidente, la Dre Diane Francoeur (photo).
CAPTURE D’ÉCRAN D’ARCHIVES L’ancien directeur des affaires juridiques de la Fédération des médecins spécialist­es dénonce, dans sa poursuite, le traitement qu’il dit avoir subi de la part de la présidente, la Dre Diane Francoeur (photo).

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