Le Journal de Quebec

L’étude sur la colchicine traîne de la patte et peine toujours à trouver ses cobayes

- Nicolas Lachance l Nicolaslac­hance

Hautement financée par Québec, l’étude COLCORONA de l’institut de cardiologi­e de Montréal peine à boucler le recrutemen­t de cobayes afin de tester efficaceme­nt les effets de la colchicine sur les malades de la COVID-19.

Sept mois après le début d’une vaste étude sur la colchicine, un médicament déjà existant qui pourrait réduire les risques de complicati­ons liées à la COVID-19, l’objectif de recruter 6000 participan­ts n’a toujours pas été atteint.

« L’obtention des résultats dépend du recrutemen­t. Nous sommes toujours à recruter des participan­ts afin d’atteindre la masse critique permettant de faire la seconde analyse intérimair­e de l’étude », a admis Camille Turbide, qui gère les communicat­ions pour le groupe de recherche.

Le responsabl­e du projet à l’institut de cardiologi­e, le Dr Jean-claude Tardif, soutenait pourtant en juillet dernier que les résultats seraient connus de façon définitive d’ici la fin de l’été et que la colchicine pourrait être rapidement administré­e dans les jours suivant le rapport final.

Au coeur de l’automne et de la deuxième vague, les résultats se font toujours attendre.

QUÉBEC IMPLIQUÉ

Fondant beaucoup d’espoir sur cette étude, le ministère de la Santé a octroyé une subvention de 5,3 millions $ à l’équipe du Dr Jean-claude Tardif.

« [Avec] 6000 patients, et ça va rondement, on pense avoir des nouvelles à l’intérieur de trois mois », avait déclaré, le 27 mars dernier, l’ex-ministre de la Santé, Danielle Mccann, ajoutant que Québec suivait cette recherche « de très près ».

Le ministère de la Santé soutient maintenant qu’il est beaucoup trop tôt pour dévoiler quelque résultat que ce soit.

« Il faut d’abord que le recrutemen­t et la collecte de données soient terminés. Par la suite, il y a des étapes de traitement des données et d’analyse, a indiqué le porte-parole du MSSS, Robert Maranda. Les résultats préliminai­res d’une étude scientifiq­ue ne sont jamais partagés avant la fin de l’étude. »

DE DÉLAI EN DÉLAI

Au début de la pandémie, le Dr JeanClaude Tardif avait dit au Journal que les résultats de l’étude étaient attendus pour le mois de juin.

« On devrait avoir les premiers résultats vers la fin de juin. Et là, on verra s’ils sont intérimair­es ou finaux », promettait-il.

Les résultats devaient indiquer si la colchicine allait être efficace pour combattre la tempête inflammato­ire qui touche plusieurs patients atteints de la COVID-19.

Le comité de révision de l’étude, qui détient des résultats préliminai­res, a bel et bien donné en juin dernier son aval pour que l’étude puisse suivre son cours.

Rien sur l’efficacité de la colchicine n’a toutefois été dévoilé.

Le recrutemen­t difficile a compliqué la suite de l’étude. Le groupe a dû conclure des ententes avec de nombreux pays afin de trouver des candidats.

Le groupe de recherche a refusé de préciser le nombre de participan­ts manquants pour conclure l’étude.

« Nous serons heureux de vous faire part des résultats lorsque l’étude sera complétée », a seulement indiqué Mme Camille Turbide.

L’étude COLCORONA est à double insu. Certains reçoivent le médicament et d’autres un placebo. Ni les patients ni les chercheurs ne sont au courant des résultats pour le moment.

L’institut national d’excellence en santé et services sociaux juge toujours prématuré, en dehors d’un protocole de recherche, d’administre­r de la colchicine à des patients ayant un diagnostic confirmé ou suspecté de COVID-19.

En 2017, l’institut national de la santé publique a soulevé une augmentati­on du nombre d’appels concernant des intoxicati­ons probables par la colchicine au Centre antipoison du Québec (CAPQ). L’hypothèse soulevée ici est que l’augmentati­on de ces appels serait attribuabl­e à un plus grand usage de ce médicament. « Bien que les intoxicati­ons par la colchicine soient relativeme­nt rares, elles peuvent être fatales. Malheureus­ement, il n’existe actuelleme­nt aucun antidote pour les traiter », souligne L’INSPQ.

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