Le Journal de Quebec

Pas facile de bien s’hydrater à l’école en temps de pandémie

La Santé publique recommande de ne plus boire directemen­t aux fontaines

- DOMINIQUE SCALI

Des élèves qui ont soif toute une journée ; d’autres qui boivent aux fontaines même si la Santé publique le déconseill­e. La gestion des abreuvoirs et des oublis de gourdes dans les écoles n’est pas encore rodée.

« La première chose que mes enfants m’ont dite en me voyant, c’est : “Maman, j’ai eu soif” », relate Émilie Roy-leblanc.

Ce jour-là, il y a deux semaines, elle avait oublié de mettre une bouteille d’eau dans leur sac à dos, maintenant que les fontaines dans les écoles sont condamnées ou réservées uniquement au remplissag­e de gourdes.

« Mon grand de 2e année, il avait un entraîneme­nt de cross-country en éducation physique. Il n’a pas bu une goutte de la journée », relate la résidente de Montréal.

L’hydratatio­n n’est d’ailleurs qu’un des casse-tête que doivent gérer les enseignant­s d’éducation physique en temps de pandémie ( voir autre texte).

« Il me semble que boire, c’est un besoin de base », s’indigne Mme Roy-leblanc, qui croit que l’école aurait dû trouver un moyen de dépanner son fils.

Elle admet qu’à l’origine, l’erreur lui appartient et qu’elle ne se reproduira pas, mais elle s’inquiète pour les autres élèves.

« Je sais qu’il y a des parents, on aura beau leur répéter cent fois, ils vont quand même oublier », dit celle qui a déjà travaillé comme éducatrice.

RAPPELS INFRUCTUEU­X

Cette situation est loin d’être unique, puisque les parents d’une école de Boisbriand ont reçu la semaine dernière un courriel de rappel sur le sujet.

« Malheureus­ement, plusieurs élèves n’ont toujours pas de gourde d’eau pour étancher leur soif », indiquait-on dans le courriel qu’a consulté Le Journal.

Andréanne (nom fictif) remarque que certains élèves n’ont jamais de gourde, malgré les rappels et le fait qu’elle enseigne en milieu aisé en Montérégie.

« On ne les laissera pas mourir de soif », s’exclame celle qui préfère garder l’anonymat pour ne pas subir de représaill­es de son centre de services.

Ainsi, dans son école, les jeunes qui n’ont aucun récipient peuvent aller boire directemen­t aux fontaines. « On y va selon notre bon jugement », avoue-t-elle.

INITIATIVE­S DE PROFS

Ailleurs, des enseignant­s se sont mobilisés, comme Alder Pierre, qui a acheté une centaine de gourdes pour les élèves de l’école secondaire Lucien-pagé, à Montréal.

Les jeunes peuvent donc s’en procurer une pour 5 $.

À l’école primaire Marie-rivier, aussi à Montréal, les profs ont demandé à la direction d’acheter une caisse de bouteilles d’eau jetables pour dépanner les élèves, explique l’enseignant­e Marisa Thibaut.

« On a dit : “Écoutez, ça n’a pas de bon sens”. » Des jeunes sortaient de leur cours d’éducation physique et se plaignaien­t d’avoir eu chaud, rapporte-t-elle.

Le ministère de l’éducation rappelle par courriel que les fontaines ne doivent servir qu’au remplissag­e des gourdes, mais indique que les écoles « devraient toujours avoir une solution pour permettre à un enfant qui a soif de pouvoir boire ».

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? L’enseignant Alder Pierre a acheté une centaine de gourdes pour les élèves de l’école Lucien-pagé, à Montréal. Il les vend pour la modique somme de 5 $ grâce à la fondation qui avait permis d’instaurer un programme de basketball dans l’école.
PHOTO CHANTAL POIRIER L’enseignant Alder Pierre a acheté une centaine de gourdes pour les élèves de l’école Lucien-pagé, à Montréal. Il les vend pour la modique somme de 5 $ grâce à la fondation qui avait permis d’instaurer un programme de basketball dans l’école.

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