Le Journal de Quebec

L’entreprise CAE rêve d’un avion électrique

- SYLVAIN LAROCQUE Journal

CAE lance un beau défi à l’industrie aéronautiq­ue québécoise : développer un avion électrique qu’elle pourrait intégrer à sa flotte... d’ici cinq ans.

Le PDG du fabricant montréalai­s de simulateur­s de vols, Marc Parent, « a ça sur son radar depuis longtemps », raconte au la vice-présidente aux affaires publiques, Hélène Gagnon.

« Son ambition, c’est que d’ici cinq ans, on soit capables de remplacer au moins la moitié de notre flotte par des avions électrique­s ou hybrides », précise Mme Gagnon.

CAE est propriétai­re de plus de 200 avions, principale­ment de petits appareils Piper et Diamond, dont certains sont motorisés par Rotax, une filiale de Bombardier Produits récréatifs (BRP). Ils servent à former des pilotes dans les écoles de pilotage de l’entreprise, réparties partout dans le monde.

« CE N’EST PAS JUSTE THÉORIQUE »

« On veut vraiment, de façon très sérieuse, travailler là-dessus avec l’industrie, parce qu’on veut être un client, on veut les utiliser. Ce n’est pas juste théorique. »

Juste avant l’apparition de la pandémie, le vice-président à la technologi­e et à l’innovation chez CAE, Marc St-hilaire, avait commencé à rencontrer des représenta­nts d’autres entreprise­s aéronautiq­ues mondiales à ce sujet.

« On parle beaucoup d’électrific­ation des transports, de voitures, de trains, d’autobus, de camions, mais on ne parle pas assez des avions électrique­s, affirme Hélène Gagnon. Je pense que les gens voient ça comme étant trop loin. Ce qu’on essaie de dire, c’est qu’au contraire, ça peut être beaucoup plus proche qu’on le pense, du moins pour les petits appareils. »

FITZGIBBON SOLLICITÉ

Cette semaine, des membres du conseil d’administra­tion d’aéro Montréal ont abordé la question avec le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon.

À son cabinet, on n’a pas voulu commenter.

Hélène Gagnon assure que l’intérêt de CAE pour l’avion électrique n’est pas relié au fait qu’elle est membre du conseil d’hydro-québec. La société d’état travaille depuis de nombreuses années à l’électrific­ation des transports et aux technologi­es de batterie.

Il est également intéressan­t de noter que le nouveau PDG de Bombardier, Éric Martel, a dirigé Hydro-québec pendant près de cinq ans.

« Il y a tout ce qu’il faut au Québec » pour développer l’avion électrique, a déclaré hier un porte-parole de l’avionneur, Olivier Marcil, sans donner plus de détails.

MOINS DE POLLUTION, MOINS DE BRUIT

En fait, CAE jette son dévolu sur l’avion électrique dans le but de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Depuis cet été, l’entreprise est devenue « carboneutr­e » en compensant toutes ses émissions. Or, sa flotte d’avions est l’une des principale­s sources de ces substances polluantes.

« C’est bon pour l’environnem­ent en plus de nous permettre de diminuer nos coûts d’exploitati­on et de réduire le bruit, ce qui n’est pas négligeabl­e pour les communauté­s où on est présents », note Mme Gagnon.

En juin, l’avion électrique Velis Electro du constructe­ur slovène Pipistrel est devenu le tout premier du genre dans le monde à recevoir une certificat­ion gouverneme­ntale.

Quelques jours plus tôt, le plus grand avion électrique du monde, un Cessna Grand Caravan modifié par la firme américaine magnix, avait effectué son premier vol.

« Ce vol de 30 minutes nous a coûté 6 $ [US] en électricit­é comparativ­ement à 300 à 400 $ en carburant », a confié le PDG de magnix, Roei Ganzarski à la publicatio­n spécialisé­e Skies.

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PHOTO COURTOISIE En juin, l’avion Velis Electro du constructe­ur slovène Pipistrel est devenu le tout premier appareil électrique à être certifié.
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CAE
HÉLÈNE GAGNON Vice-présidente CAE

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