Le Journal de Quebec

Des Québécois partenaire­s de la NASA

Félix & Paul Studios a livré une caméra 3D à la Station spatiale internatio­nale en vue d’un projet multimédia

- FRANCIS HALIN Mêlez-vous de vos affaires

Des entreprene­urs québécois ont imposé leur savoir-faire dans l’espace au point où la NASA ne peut plus se passer de leur génie pour percer les mystères de l’univers.

« On a dû faire nos preuves. On a travaillé avec Facebook, qui a financé notre premier documentai­re, qui nous a permis d’oeuvrer de manière très proche avec la NASA », explique Stéphane Rituit, cofondateu­r et producteur de Felix & Paul Studios.

Fondée en 2013, la jeune entreprise de 65 employés située dans le Vieux-montréal a pu décoller rapidement avec l’appui de la mécène québécoise Phoebe Greenberg et d’investisse­urs institutio­nnels québécois.

« On a été chanceux d’avoir Phoebe Greenberg, à la tête du Centre Phi, qui a cru très tôt en nous en 2014. Par la suite se sont joints la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Investisse­ment Québec (IQ), le fonds ontarien OMERS Ventures et Comcast Ventures aux États-unis », a souligné Stéphane Rituit à l’émission à QUB radio.

Au total, Investisse­ment Québec (IQ) a investi 1,77 million de dollars dans le studio montréalai­s. De son côté, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) détient toujours entre 10 et 30 millions $ dans la firme.

AMIS DES ASTRONAUTE­S

L’aventure de Felix & Paul Studios, qui a commencé avec un clip de Patrick Watson, n’aura eu besoin que de quelques années pour pointer vers le ciel.

Il y a deux ans, Felix & Paul Studios a conclu un partenaria­t avec TIME pour envoyer sa caméra dans l’espace. Tout s’est ensuite déroulé à la vitesse de la lumière.

« Ça a été une accélérati­on. On n’a eu que quelques mois pour fabriquer une caméra et la faire certifier pour qu’elle puisse voler dans l’espace dans des vols habités. Ce n’était pas une mince affaire », raconte Stéphane Rituit.

Aujourd’hui, sa PME est la seule compagnie média au monde à avoir le statut de partenaire de la Station spatiale internatio­nale (SSI).

« David Saint-jacques a amené deux de nos caméras, qui filment depuis 2019. On vient d’envoyer une nouvelle, cette semaine, à la SSI conçue pour filmer l’extérieur de la station au bout du bras canadien », explique-t-il.

Dômes, cinémas, gros écrans, petits écrans, cellulaire­s... les images prises en réalité virtuelle produiront des documents servant à justifier les sommes astronomiq­ues investies par les groupes publics et privés.

Pour Felix & Paul Studios, c’est une occasion en or de créer une expérience de divertisse­ment, tout en peaufinant sa technologi­e. Dans l’espace, les contrainte­s de la gravité ont forcé la firme à innover comme jamais.

Quand on demande à Stéphane Rituit comment son studio a réussi à jongler dans l’univers ultrasecre­t de la NASA, il répond qu’il a l’expérience en la matière.

« On a fait une bonne pratique en filmant la Maison-blanche, sous Obama, lance-t-il en riant. Le contrôle de sécurité a été un gros test. Après, je crois que l’on a réussi grâce à la qualité des oeuvres », partage-t-il.

DESTINATIO­N LUNE

À quelque 150 kilomètres de là, à Sherbrooke, Jean de Lafontaine, fondateur et PDG de NGC Aérospatia­le, est un entreprene­ur habitué au secteur de l’espace.

« On travaille avec l’agence spatiale européenne (ASE) et l’agence spatiale russe Roscomos pour faire une mission au pôle Sud de la Lune. On va participer au sous-système qui gère l’alunissage », explique-t-il.

Grâce à son logiciel qui détecte les roches, les crevasses et les pentes trop abruptes, NGC Aérospatia­le arrive à créer, en une fraction de seconde, une carte 3D de la surface de la Lune.

« Des traces d’eau ont été découverte­s près de cratères, qui ne voient jamais le soleil, donc, en théorie, il pourrait y avoir de l’eau sous forme glacée. Si on veut coloniser la Lune ou avoir une station, ça prend de l’eau », dit-il.

Sa PME est aussi bien positionné­e pour gagner l’un des concours de l’agence spatiale canadienne (APC), grâce à un outil ressemblan­t à un GPS conçu pour la surface lunaire.

« Si on veut alunir très précisémen­t, il faut trouver une façon de le faire très précisémen­t. On a développé une technologi­e grâce à laquelle on reconnaît les cratères de la Lune pour s’orienter de façon autonome, sans être humain », poursuit celui qui vend ses licences aux gros joueurs mondiaux en conservant sa propriété intellectu­elle, ici, au Québec.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Olivier Biron, chef de caméra, et Stéphane Rituit, cofondateu­r et producteur de Felix & Paul Studios, avec l’un des modèles de caméra conçus pour la Station spatiale internatio­nale (SSI).
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Olivier Biron, chef de caméra, et Stéphane Rituit, cofondateu­r et producteur de Felix & Paul Studios, avec l’un des modèles de caméra conçus pour la Station spatiale internatio­nale (SSI).
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada