Le Journal de Quebec

Le coût d’un animal de compagnie n’est pas à négliger

- Daniel Germain

Les cliniques vétérinair­es du Québec sont débordées, paraît-il. Elles rattrapent les retards accumulés au printemps en raison des mesures sanitaires, et, depuis quelques mois, elles doivent composer avec un flot particuliè­rement élevé de nouveaux clients.

« Certaines doivent en refuser », affirme Michel Pépin, porte-parole de l’associatio­n des médecins vétérinair­es du Québec (AMVQ) en pratique des petits animaux.

La demande pour les chiens et les chats atteint un pic. On devine que des personnes confinées cherchent de la compagnie, mais c’est plus que ça. À voir l’homo sapiens se comporter ces temps-ci sur les réseaux sociaux, la présence d’un être enjoué et sans malice aide sans doute à se réconcilie­r avec cette époque par moment un peu glauque.

L’adoption d’un animal représente cependant un engagement qui dépassera de loin le temps de la pandémie (on le souhaite en tout cas).

Pour le bien de l’animal et de ses finances, mieux vaut savoir dans quoi on s’embarque.

GROS AMOUR

On s’attache à ces petites bêtes-là. Les liens que nous développon­s avec elles peuvent devenir intenses, certains propriétai­res traitent leurs compagnons à quatre pattes comme des enfants, à tout le moins comme un membre de la famille.

Je ne juge pas, je suis moi-même le propriétai­re un peu gaga d’un chat répondant au nom de Ti-père, le maître de la maison.

Nos rapports avec les animaux de compagnie ont beaucoup évolué avec les années. Pour refléter ces changement­s de mentalité, le statut juridique des animaux a récemment été modifié. Ils ne sont plus considérés comme des « biens meubles », mais comme des « êtres doués de sensibilit­é », ce qui fait peser sur nous de nouvelles responsabi­lités.

GROSSE BUSINESS

La médecine vétérinair­e de son côté a réalisé des bonds de géant. Les animaux ont maintenant accès aux mêmes technologi­es médicales que les humains, ou presque : radiologie, oncologie, dermatolog­ie, psychologi­e…

L’industrie de la nourriture, des jouets et des accessoire­s s’est aussi adaptée, ou plutôt elle a flairé la bonne affaire ; elle est plus créative et plus prospère que jamais.

Je ne m’avancerai pas trop sur le terrain de l’élevage, un sujet en soi, mais disons tout de même que les lignées de « citrons », des animaux de race qui collection­nent les problèmes, n’ont jamais été aussi foisonnant­es.

GROSSES DÉPENSES

De l’amour inconditio­nnel, des bébelles, des citrons et de l’équipement médical acquis au coût de centaines de milliers de dollars… Voyezvous la menace qui flotte au-dessus de votre portefeuil­le ?

L’AMVQ a publié sur son site internet des fiches déclinant les coûts d’entretien des chats, des chiens, des lapins et des furets. Les vétérinair­es poussent un peu le bouchon. Selon eux, il faudrait prévoir plus de 2000 $ par année pour un chat, ce qui inclut un détartrage annuel et une assurance médicale. On navigue dans les mêmes eaux pour les chiens.

Je ne connais personne qui souscrit à de l’assurance pour couvrir les soins médicaux de son animal ni qui fait détartrer ses dents chaque année. Toutefois, avec les vaccins, la stérilisat­ion, la nourriture de qualité, les examens de routine, la litière et tout le reste, le moindre coup de foudre pour un chaton s’accompagne d’une facture qui frise les 1000 $… la première année.

GROS MALAISES

C’est lorsque l’animal commence à connaître des ennuis de santé que la facture peut exploser.

Il est admirable de voir à la télévision des animaux sauvés in extremis par un beau et jeune vétérinair­e, mais on voit rarement la facture. Dans la réalité, les coûts de la médecine vétérinair­e de pointe suscitent de l’embarras.

Combien de milliers de dollars faut-il consentir pour faire remplacer la hanche de son chien ou lui offrir une chance de survivre au cancer ?

Quand vient le moment d’envisager une interventi­on, le malaise gagne les deux côtés.

Le propriétai­re qui se demande jusqu’où il est raisonnabl­e de dépenser pour prolonger la vie de son compagnon, et peu importe ce qu’il décidera, il gardera des regrets.

Le vétérinair­e qui se demande jusqu’où il peut aller dans sa propositio­n de traitement. Il ressent peut-être une réticence à offrir le protocole à 7000 $ sans avoir la certitude de pouvoir sauver l’animal.

Cela dit, il éprouvera sans doute moins de gêne à le proposer si sa clinique compte 75 employés et qu’il faut payer la machine d’imagerie par résonance magnétique.

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