Le Journal de Quebec

Comment pardonner l’impardonna­ble ?

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Je vis la pire situation qu’un couple puisse traverser. Grâce à la perspicaci­té d’une amie, j’ai découvert que mon mari des 40 dernières années me trompe depuis longtemps. Le pire, c’est que la personne avec qui il me trompe, c’est son ancienne secrétaire. Celle avec laquelle il m’avait trompée jadis et qu’il m’avait promis de laisser tomber quand j’avais découvert l’affaire. Moi, la niaiseuse, je l’avais cru !

À l’époque, je venais d’avoir mon deuxième fils. Je ne me sentais pas prête à mettre en péril ma sécurité et celle de mes enfants pour une incartade, dont il me disait qu’elle était sans importance. J’ai fait confiance à un homme qui, à ce qu’il semble, n’a jamais cessé de me tromper depuis.

Rendu à nos âges, 65 pour lui et 62 pour moi, je me vois mal annoncer à notre cercle d’amis qu’on se sépare. Alors il faut que je fasse comme si de rien n’était. Mais lui me demande mon pardon, car il ne veut pas perdre la face devant ses amis, qui tous savaient la vérité, pendant que moi, toujours aussi niaiseuse, je me baladais à son bras mine de rien.

J’apprends par la même occasion que mes fils savaient eux aussi et qu’ils ont préféré prendre la part de leur père. Vous ne pouvez pas savoir ce que ça me fait. C’est probableme­nt ça qui me fait le plus mal. Me savoir trompée par mes propres enfants qui me disent aujourd’hui qu’ils pensaient que je savais et que ça ne me faisait rien, puisque je continuais selon eux, de vénérer leur père.

Je ne peux pas pardonner ça. Sinon, ça va vouloir dire que je suis une véritable niaiseuse. L’amie qui m’a révélé la chose me dit que je serais bête de quitter ma vie de princesse à mon âge pour une blessure d’orgueil. Mais qu’est-ce que les autres vont penser de moi ?

Anonyme

L’important n’est pas ce que les autres pensent de vous, mais bien ce que vous, vous pensez de vousmême. Je vous signale que pardonner ne signifie pas oublier, encore moins nier les faits. Pas plus qu’il ne s’apparente à « faire comme si rien n’avait existé ». Pour pardonner, il faut accepter de nommer et de regarder sa réalité en pleine face, sans faux-fuyants. Car au bout de l’exercice, c’est vous qui devez trouver un soulagemen­t dans la décision que vous allez prendre. Qu’elle soit de rompre enfin avec votre mari, ou de poursuivre votre chemin avec lui malgré la faute. Je pense que pour assurer une certaine intégrité au processus, il faut y impliquer le coupable et l’obliger à consulter un profession­nel pour vous guider vers une solution acceptable pour chacun de vous deux.

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