Le Journal de Quebec

Des futurs médecins confrontés au racisme systémique

Un cours pour sensibilis­er les étudiants aux réalités autochtone­s offert à l’université Laval

- SIMON DESSUREAUL­T

La majorité des étudiants en médecine de l’université Laval constatent malgré eux qu’ils ont des prédisposi­tions au racisme systémique envers les communauté­s autochtone­s.

C’est ce que démontre un cas clinique exposé à des étudiants de première année signalé à l’agence QMI par Emmanuelle Careau, vice-doyenne de la Faculté de médecine de l’université Laval.

Mme Careau fait référence au cas fictif soumis aux futurs médecins d’un homme autochtone qui arrive à l’urgence. Celui-ci est désorienté, un peu mêlé et son hygiène corporelle laisse à désirer.

La professeur­e demande donc à ses étudiants quels diagnostic­s cliniques ils pourraient donner avec les indices qui leur sont présentés.

« Une grande majorité de la classe mentionne qu’il s’agit d’une intoxicati­on et de problèmes d’alcoolisme, a souligné Mme Careau. Et c’est très rapide comme déduction et c’est presque tout le temps. »

Une diapositiv­e montre ensuite aux étudiants les diagnostic­s possibles associés à ce cas : accident vasculaire cérébral ou traumatism­e crânien.

« Les étudiants sont très choqués de leurs propres réactions à chaque fois, a indiqué la vice-doyenne. On se permet de parler de racisme systémique dans nos cours pour sensibilis­er nos étudiants. »

Ces futurs médecins reçoivent donc six heures de cours consacrés exclusivem­ent aux réalités autochtone­s dans leurs trois premières années de médecine.

Le cours intitulé « Médecins médecine et société » fait donc le tour des particular­ités historique­s que les différente­s communauté­s ont vécues, notamment la délicate question des pensionnat­s autochtone­s.

PEUPLE DÉRACINÉ

« On arrachait les enfants des familles, c’était quasiment du kidnapping d’enfants pour les endoctrine­r », a expliqué Martin Gariépy, aujourd’hui pédiatre, qui intervient notamment auprès d’enfants autochtone­s à Vancouver, alors qu’il était outré de ne pas avoir appris ces faits historique­s à l’école secondaire ou au cégep.

« Je comprends maintenant pourquoi c’est un peuple déraciné et ç’a développé en moi un fort intérêt pour la santé des autochtone­s », a ajouté le médecin, qui a aussi fait un stage dans la communauté de Manawan, dans Lanaudière, dont était originaire Joyce Echaquan, morte à l’hôpital de Joliette à la fin septembre sous des insultes et propos racistes du personnel à son endroit.

Des étudiants en sciences infirmière­s de l’université Laval sont aussi confrontés à parler de préjugés autochtone­s, mais de façon volontaire.

Un de ces étudiants, Frédérick Gravel, pilote un projet où des groupes de 40 étudiants sont sélectionn­és pour aller rencontrer des Autochtone­s dans des communauté­s éloignées.

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