Le Journal de Quebec

Une remise en question est nécessaire

- NORA T. LAMONTAGNE

Ébranlés par la mort de Joyce Echaquan, des médecins qui traitent des patients autochtone­s croient que le milieu de la santé au grand complet est mûr pour un examen de conscience.

C’est que la vidéo des derniers moments de la mère de sept enfants, injuriée peu avant sa mort par des soignantes de l’hôpital de Joliette, ne laisse aucune place à l’interpréta­tion.

« On est toujours à la défense du système de santé, de nos collègues… Mais là, ça nous met en face que [le racisme] existe. C’est très dur pour un médecin de l’avouer », résume la Dre Caroline Vu, qui a fait sa résidence auprès des Innus de Mashteuiat­sh (Pointe-bleue), au Saguenay–lac-saint-jean.

« Sans la vidéo, on serait encore en train de se trouver des excuses », ajoute la Dre Majorie Ayotte, qui pratique à l’hôpital de La Tuque, en Mauricie, où elle côtoie de nombreux patients attikameks.

« Je pense que les profession­nels de la santé doivent se remettre en question, et rapidement », insiste pour sa part la Dre Julie Sirois-leclerc, qui a longtemps travaillé chez les Cris et les Inuits de Whapmagoos­tui, au Nord-du-québec.

Bien qu’on entende les propos dégradants d’une infirmière et d’une préposée aux bénéficiai­res dans cet enregistre­ment, le chirurgien d’origine innue Stanley Vollant est d’avis que tous les corps de métier devraient être sensibilis­és aux réalités des Premières Nations.

UN TOUT

Mais plus encore, des actions globales devraient être envisagées pour faire face au racisme systémique.

« Je pense qu’il ne faut pas faire porter le fardeau du problème [seulement] à ces deux individus-là. […]. On a besoin d’une prise de conscience collective », soutient la titulaire de la Chaire de recherche autochtone en soins infirmiers, Amélie Blanchet Garneau.

Les pistes de solution sont nombreuses : une formation approfondi­e, des stages dans les communauté­s, la création d’un poste d’ombudsman autochtone dans les hôpitaux et la constructi­on de centres de santé autochtone­s, comme ça se fait en Ontario.

Elles ont été évoquées maintes et maintes fois, soupire Stanley Vollant.

Néanmoins, il remarque que la profession médicale semble plus ouverte que par le passé à reconnaîtr­e les conséquenc­es du racisme systémique.

« Il y a des médecins non autochtone­s qui me disent “on a honte que notre système de santé ait fait en sorte que les Autochtone­s puissent mourir [ainsi]”. »

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Médecin
JULIE SIROIS-LECLERC Médecin

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