Le Journal de Quebec

Impatient de passer à autre chose

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Pour un homme qui se présente comme le défenseur de la loi et de l’ordre chez lui, Donald Trump a créé, ailleurs dans le monde, un chaos pas possible. Il a déstabilis­é de vieilles alliances, légitimé des leaders autocratiq­ues, perturbé des flux commerciau­x. Le reste du monde n’attend plus qu’une chose : que ça finisse !

Je m’en souviens encore très bien.

Il « bruinassai­t » sur Washington le 20 janvier 2017 et nous n’étions indéniable­ment pas aussi nombreux que pour l’assermenta­tion de Barack Obama… peu importe ce que Donald Trump continue d’en penser. C’est là qu’il avait servi son discours sur le « carnage américain » qui prenait fin avec lui, mais qu’il nous avait surtout prévenus que ce serait désormais « America first and only America first ».

Quarante-cinq mois plus tard, les États-unis sont certaineme­nt dans une classe à part, seuls parmi les pays occidentau­x à mener une curieuse politique étrangère où, comme le relevait récemment le journalist­e et animateur Fareed Zakaria, « Donald Trump déteste ces pays, alliés des États-unis depuis 70 ans et dont les soldats ont combattu et sont morts dans les guerres menées par les Américains, l’allemagne, la France, la Grande-bretagne et le Canada ».

UN FAIBLE POUR LES DURS

Ses positions l’étonnent lui-même, à preuve l’aveu fait au cours des heures d’interviews accordés au journalist­e Bob Woodward pour son livre Rage : « C’est drôle, les relations que j’entretiens [avec les leaders étrangers] : plus ils sont durs et méchants et mieux je m’entends avec eux. »

Ce qui donne le flirt louche avec Vladimir Poutine, la bénédictio­n accordée au Saoudien Mohammed ben Salmane malgré la mort atroce du journalist­e Jamal Khashoggi et la confession délirante que lui et Kim Jong un sont « tombés amoureux ». Du Turc Erdogan au Brésilien Bolsonaro en passant par le Hongrois Orban, tous les dirigeants dont les politiques ont compromis leurs institutio­ns légales et démocratiq­ues ont trouvé une oreille compatissa­nte chez Trump.

DE LA DESTRUCTIO­N CRÉATRICE, VRAIMENT ?

Les changement­s – peut-être nécessaire­s – que devait apporter la politique du « chien-dans-un-jeu-dequilles » du président républicai­n ont plutôt conduit à des impasses. En Iran, la stratégie de la « pression maximale » a isolé les États-unis qui ne sont même pas parvenus à obtenir le soutien des Européens pour prolonger l’embargo sur les ventes d’armes à Téhéran, embargo qui prend fin aujourd’hui.

L’afghanista­n apparaît être le triomphe de l’improvisat­ion, alors que Donald Trump, après 19 ans d’engagement, a décidé que c’était assez. À peine Robert O’brien, son conseiller à la sécurité nationale, annonçait-il mercredi dernier qu’il ne resterait plus que 2500 soldats américains là-bas au début de 2021 que son patron, via Twitter, le désavouait en souhaitant que tout le monde soit « de retour au pays à Noël ».

Tout n’est pas totalement noir ; il y a ce bon coup qu’est l’accord entre Israël et les émirats du golfe Persique, bien que les Palestinie­ns se retrouvent Gros-jean comme devant. Autrement, on voit mal comment Joe Biden pourrait faire pire. Ce qu’on entend plutôt, c’est qu’un simple retour au calme fera retentir, un peu partout dans le monde, un immense « Ouf ! » de soulagemen­t.

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