Dwayne Haskins le mal-aimé
Aussitôt arrivé, aussitôt parti ! Après seulement 11 départs en carrière à Washington, le jeune quart-arrière Dwayne Haskins doit retourner au purgatoire sur le banc. Cette étonnante décision à ce stade précoce de sa carrière démontre qu’il est assis malgré lui entre deux chaises depuis que l’équipe l’a repêché.
Au printemps 2019, l’organisation a fait du produit de l’université Ohio State son choix de première ronde, le 15e choix au total. Quand un club jette son dévolu sur un quart-arrière aussi tôt au repêchage, c’est qu’il le voit comme son futur joueur de concession.
Or, à Washington, rien ne fonctionne comme ailleurs. Depuis ce repêchage, des rumeurs crédibles circulent voulant que Haskins ait été d’abord et avant tout le choix du propriétaire Dan Snyder, lui qui ne s’est jamais gêné pour s’immiscer dans les opérations des véritables hommes de football à bord.
L’entraîneur-chef de l’époque, Jay Gruden, ne semblait pas entiché du quart-arrière et l’a d’ailleurs laissé sur le banc avant d’être congédié après cinq matchs.
Relation de cause à effet ? La disparité des opinions par rapport à Haskins entre le grand patron et son coach a assurément pesé dans la balance.
NOUVEAU RÉGIME
Ron Rivera s’est amené cette saison comme nouvel entraîneur-chef et même s’il a tout fait pour établir une culture de renforcement positif à l’égard de Haskins, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas son projet à la base.
De nos jours, la corde est de moins en moins longue avec les jeunes quarts. Ils proviennent souvent d’universités qui les ont bien formés aux concepts offensifs des rangs professionnels. Les coordonnateurs offensifs dans la NFL ont aussi incorporé massivement des éléments des schémas universitaires dans leurs livres de jeux, histoire de faciliter l’acclimatation des jeunes quarts.
Dans ce contexte, les équipes n’ont plus une once de la patience d’antan et les résultats doivent venir rapidement.
Sur le plan statistique, Haskins ne connaît pas un mauvais début de carrière. À ses 11 départs, il a complété 59,1 % de ses passes pour 2164 verges, 11 passes de touchés et six interceptions.
À titre comparatif, le quart des Bills,
Josh Allen, performe actuellement à un rythme infernal. Pourtant, à ses 11 premiers matchs, il n’avait complété que 53,4 % de ses passes, pour 2000 verges, avec 10 passes de touchés et 12 interceptions.
QUESTION D’ATTITUDE
Ron Rivera, un entraîneur respecté et qui n’a pas la réputation de prendre des décisions sur des coups de tête, souhaite forcément passer un message à Haskins. Sa carrière n’est pas compromise, mais le jeune homme fait-il le nécessaire dans la salle de classe ?
Pour justifier sa décision de confier le ballon à son ancien poulain chez les Panthers Kyle Allen, Rivera a mentionné qu’il maîtrisait bien son système. Cela revient donc à dire que Haskins n’a toujours pas la mainmise sur l’attaque. Haskins ne joue peut-être pas à un niveau exceptionnellement élevé, mais avec peu de munitions, il n’a pas suffisamment mal joué pour être relégué aux lignes de côtés. C’est forcément son attitude que Rivera tente de casser.
Que le message passe ou non, Haskins n’est pas tombé dans l’environnement idéal pour réussir. Un quart-arrière devrait toujours être le choix de l’entraîneur avant d’être le fantasme du propriétaire.