Le Journal de Quebec

Dwayne Haskins le mal-aimé

- Stéphane Cadorette stephane.cadorette @quebecorme­dia.com

Aussitôt arrivé, aussitôt parti ! Après seulement 11 départs en carrière à Washington, le jeune quart-arrière Dwayne Haskins doit retourner au purgatoire sur le banc. Cette étonnante décision à ce stade précoce de sa carrière démontre qu’il est assis malgré lui entre deux chaises depuis que l’équipe l’a repêché.

Au printemps 2019, l’organisati­on a fait du produit de l’université Ohio State son choix de première ronde, le 15e choix au total. Quand un club jette son dévolu sur un quart-arrière aussi tôt au repêchage, c’est qu’il le voit comme son futur joueur de concession.

Or, à Washington, rien ne fonctionne comme ailleurs. Depuis ce repêchage, des rumeurs crédibles circulent voulant que Haskins ait été d’abord et avant tout le choix du propriétai­re Dan Snyder, lui qui ne s’est jamais gêné pour s’immiscer dans les opérations des véritables hommes de football à bord.

L’entraîneur-chef de l’époque, Jay Gruden, ne semblait pas entiché du quart-arrière et l’a d’ailleurs laissé sur le banc avant d’être congédié après cinq matchs.

Relation de cause à effet ? La disparité des opinions par rapport à Haskins entre le grand patron et son coach a assurément pesé dans la balance.

NOUVEAU RÉGIME

Ron Rivera s’est amené cette saison comme nouvel entraîneur-chef et même s’il a tout fait pour établir une culture de renforceme­nt positif à l’égard de Haskins, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas son projet à la base.

De nos jours, la corde est de moins en moins longue avec les jeunes quarts. Ils proviennen­t souvent d’université­s qui les ont bien formés aux concepts offensifs des rangs profession­nels. Les coordonnat­eurs offensifs dans la NFL ont aussi incorporé massivemen­t des éléments des schémas universita­ires dans leurs livres de jeux, histoire de faciliter l’acclimatat­ion des jeunes quarts.

Dans ce contexte, les équipes n’ont plus une once de la patience d’antan et les résultats doivent venir rapidement.

Sur le plan statistiqu­e, Haskins ne connaît pas un mauvais début de carrière. À ses 11 départs, il a complété 59,1 % de ses passes pour 2164 verges, 11 passes de touchés et six intercepti­ons.

À titre comparatif, le quart des Bills,

Josh Allen, performe actuelleme­nt à un rythme infernal. Pourtant, à ses 11 premiers matchs, il n’avait complété que 53,4 % de ses passes, pour 2000 verges, avec 10 passes de touchés et 12 intercepti­ons.

QUESTION D’ATTITUDE

Ron Rivera, un entraîneur respecté et qui n’a pas la réputation de prendre des décisions sur des coups de tête, souhaite forcément passer un message à Haskins. Sa carrière n’est pas compromise, mais le jeune homme fait-il le nécessaire dans la salle de classe ?

Pour justifier sa décision de confier le ballon à son ancien poulain chez les Panthers Kyle Allen, Rivera a mentionné qu’il maîtrisait bien son système. Cela revient donc à dire que Haskins n’a toujours pas la mainmise sur l’attaque. Haskins ne joue peut-être pas à un niveau exceptionn­ellement élevé, mais avec peu de munitions, il n’a pas suffisamme­nt mal joué pour être relégué aux lignes de côtés. C’est forcément son attitude que Rivera tente de casser.

Que le message passe ou non, Haskins n’est pas tombé dans l’environnem­ent idéal pour réussir. Un quart-arrière devrait toujours être le choix de l’entraîneur avant d’être le fantasme du propriétai­re.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP En quatre matchs cette saison, Dwayne Haskins a accumulé 939 verges avec quatre passes de touchés, contre trois intercepti­ons.
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