Sioui veut plus de ressources
« Abasourdi », le leader huron-wendat souhaite un réveil de la classe politique
Le grand chef de la nation huronnewendat, Konrad Sioui, voit dans le meurtre des deux enfants à Wendake le reflet d’une détresse qui persiste dans les communautés autochtones, et à laquelle il demande de s’attaquer.
Vingt-quatre heures après les faits qui ont secoué sa communauté, M. Sioui s’avouait encore « abasourdi » hier matin, lorsque Le Journal l’a rencontré.
À son souvenir, il s’agit du « pire drame » à secouer la communauté de quelque 2100 âmes.
« C’est le pire drame parce qu’on sait que dans nos valeurs, les enfants prennent toute la place. Que nos enfants soient partis comme ça – parce que ce sont nos enfants, qu’ils soient innus, attikameks, wendats ou québécois, peu importe – […], c’est inacceptable, c’est contre nature », s’attriste-t-il.
L’enquête policière permettra d’en savoir plus sur l’état mental et les motifs du présumé meurtrier. Mais, par intuition et sans présumer ce qui a pu motiver le meurtre des deux enfants, M. Sioui trace un parallèle avec des enjeux de santé mentale, d’isolement, de pauvreté, qui touchent encore aujourd’hui les communautés autochtones.
ACTIONS RÉCLAMÉES
Konrad Sioui, qui sollicite un quatrième mandat prochainement, dit avoir parlé de cette détresse lors d’entretiens avec les ministres Marc Miller et Ian Lafrenière, responsables des Affaires autochtones à Ottawa et à Québec.
« Je vais en parler avec le gouvernement fédéral et provincial et on a déjà commencé à discuter de ça, parce qu’il faut mettre en place des mécanismes, des infrastructures et des possibilités d’accueil. »
Il demande des actions pour lutter contre le racisme, faciliter l’accès à l’éducation, encourager le développement personnel, et évoque l’idée de refuges où les personnes avec des idées noires pourraient aller quérir de l’aide.
« On va parler de choses concrètes.
On ne passera pas le restant de l’année à se demander quel qualificatif donner au racisme. Le racisme, c’est le racisme, point », s’exclame-t-il.
PROBLÈMES SÉRIEUX
« Dans le monde des Premières Nations, c’est évident que l’on a un problème à régler, un problème réel, sérieux. Pour ça, bien, il faut développer nos ressources humaines. Pour ça, ça prend de l’argent, des infrastructures, du personnel » énumère-t-il.
« Si ce n’est pas réglé, c’est la pauvreté qui arrive et ça devient endémique, c’est la noirceur puis la dépression », estime M. Sioui.
Au moment où la pandémie et les mesures de confinement pèsent lourd sur le moral de sa population, Konrad Sioui a voulu profiter de l’occasion pour lancer une invitation à ceux qui pourraient éprouver du désarroi.
« Quand on sent qu’on a de la noirceur […], c’est là où il faut avoir la capacité et la force d’aller chercher de l’aide, parce qu’elle existe, cette aide-là », plaide-t-il.