Le Journal de Quebec

Son foetus tué par erreur à l’hôpital

La médecin leur a recommandé un curetage alors que l’embryon était toujours bien vivant

- DOMINIQUE SCALI

Un couple de la Montérégie poursuit une obstétrici­enne qui persistait à tort à dire que le bébé qu’il attendait était mort. C’est finalement le curetage qu’elle leur a conseillé qui a tué le foetus.

« Je veux qu’elle ait ce qu’elle mérite et que nous, on obtienne ce qu’on mérite. Qu’il y ait une forme de justice », affirme Sabrina Robert, 27 ans, en entrevue avec Le Journal.

Elle et son conjoint Christian Nankivell poursuiven­t pour plus de 142 000 $ la Dre Dominique Aubin, peut-on lire dans la requête déposée vendredi au palais de justice de Saint-jean-sur-richelieu.

Il y a un peu plus d’un an, elle apprenait qu’elle attendait son tout premier bébé. Le couple essayait de concevoir un enfant depuis deux ans et demi, indique le document de la requête.

En septembre 2019, ils se rendent donc à l’hôpital du Haut-richelieu pour la première échographi­e. Dès le départ, ils trouvent l’attitude de la Dre Aubin plutôt froide et hautaine.

Pendant l’échographi­e, l’obstétrici­enne ne parvient pas à entendre le coeur ou à obtenir une image du foetus. Mme Robert lui précise que cela est possible en raison de la forme particuliè­re de son utérus, ce dont une autre médecin l’avait informée auparavant.

Une prise de sang est alors effectuée, qui révèle que Mme Robert a un taux élevé d’hormones de grossesse. La Dre Aubin conclut malgré tout à la mort du foetus au stade de six semaines.

UN AUTRE TEST L’AURAIT SAUVÉ

« Je n’avais eu aucun saignement. J’avais encore mal aux seins, encore des maux de coeur », se souvient Mme Robert.

Estomaquée, elle demande s’il existe d’autres examens, ce qu’a « sèchement » rejeté la Dre Aubin, indique la requête.

Elle la convainc alors de subir rapidement un curetage, qui vise à extraire les résidus de l’utérus. Encore sous le choc, le couple revient à l’hôpital dès le lendemain.

C’est une fois le curetage terminé qu’ils apprennent que le foetus extrait était plus développé que prévu. Il était probableme­nt âgé de 11 semaines et encore vivant avant l’opération, allègue la poursuite.

« Même [l’autre] médecin était complèteme­nt ébranlée », rapporte Mme Robert. Elle apprend alors qu’une échographi­e endovagina­le, plus précise que l’échographi­e régulière, aurait permis de constater que son foetus était bien vivant.

COUPLE TRAUMATISÉ

Pendant des mois, elle vivra avec un choc post-traumatiqu­e et une dépression. Son conjoint de 40 ans a aussi cessé de travailler. Et le couple a déménagé pour ne plus voir la chambre du bébé.

« Juste de voir une annonce de couches à la télévision, j’en pleurais », relate Mme Robert.

Il leur a fallu plus de six mois avant d’être capables de réessayer de concevoir.

« Je m’en voulais. Je me disais : pourquoi estce que j’ai pas fait plus ? [pour prouver qu’elle était enceinte]. »

« Mais à un moment donné, le patient n’a pas le choix de se soumettre à l’opinion profession­nelle du médecin », explique Jimmy Lambert, l’avocat du couple.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Sabrina Robert et Christian Nankivell expliquent ressentir encore de la colère et de la fragilité, plus d’un an après la perte du bébé. « Le 6 septembre dernier [date d’anniversai­re de l’événement], ça a été dur », se souvient Mme Robert.
PHOTO BEN PELOSSE Sabrina Robert et Christian Nankivell expliquent ressentir encore de la colère et de la fragilité, plus d’un an après la perte du bébé. « Le 6 septembre dernier [date d’anniversai­re de l’événement], ça a été dur », se souvient Mme Robert.

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