Divisions au Sénat face à la juge nommée par Trump
WASHINGTON | (AFP) Le Sénat a entamé hier l’audition de la juge Amy Coney Barrett, nommée par Donald Trump à la Cour suprême, par un dialogue de sourds entre des républicains admiratifs de cette « brillante » juriste et des démocrates fustigeant un calendrier « irresponsable » en pleine pandémie et « illégitime » si près des élections.
« Cela va être une longue semaine de querelles », a reconnu d’emblée le chef de la commission judiciaire du Sénat, le républicain Lindsey Graham, qui a prévu de consacrer quatre jours à l’examen de cette candidature.
La juge Barrett, 48 ans, a été choisie par le président républicain le 26 septembre pour succéder à l’icône féministe et progressiste Ruth Bader Ginsburg, décédée huit jours plus tôt des suites d’un cancer.
Elle s’est présentée, hier, au Sénat chargé par la Constitution d’avaliser sa nomination, un exercice considéré comme acquis compte tenu de la majorité républicaine dans cette enceinte.
Après avoir écouté chaque sénateur, elle a retiré son masque noir et juré, main levée, de dire « toute la vérité ». Assis derrière elle, six de ses sept enfants l’ont écoutée promettre d’« appliquer la Constitution et les lois telles qu’elles sont écrites ».
Cette lecture du Droit, dite « textualiste », est prisée dans les milieux les plus conservateurs qui reprochent à la Cour suprême de s’être éloignée de la pensée des pères fondateurs pour faire évoluer certains droits, notamment sur l’avortement ou le mariage homosexuel. Ils espèrent que l’arrivée d’amy Barrett au sein de la haute juridiction – qui compte déjà cinq juges conservateurs et trois progressistes – freine, voire inverse la tendance.
ATTITUDE « IRRESPONSABLE »
La magistrate, louée par les républicains, est également très bien vue de la droite religieuse parce qu’elle est une catholique pratiquante et partage la vision traditionnelle de la famille prônée par le Vatican.
Dans un pays où seul un quart de la population se dit athée ou sans religion, les démocrates se sont, eux, bien gardés d’avancer sur ce terrain miné.
« Sa foi ne doit pas entrer en considération », a déclaré à la presse Joe Biden, le rival de Donald Trump, en marge d’un déplacement, en optant pour un autre angle d’attaque : les critiques exprimées par la juge contre la loi de l’ex-président Barack Obama sur la couverture maladie.
Elle « a dit qu’elle voulait se débarrasser » de l’obamacare, a estimé le candidat démocrate, en rappelant que, dans un mois, la Cour suprême allait examiner un recours des républicains contre cette loi.
De son côté, la sénatrice Kamala Harris, colistière de Joe Biden, a fustigé l’attitude « irresponsable » de ses confrères républicains qui ont décidé d’organiser ces auditions bien que trois élus aient été dépistés positifs à la COVID-19 il y a une dizaine de jours.