Et si c’était le deuil ?
Comment en sommes-nous arrivés là ? La question est sur toutes les lèvres. Elle est presque devenue existentielle pour la nation québécoise.
En effet, pourquoi est-ce que le Québec trône encore honteusement en tête du palmarès canadien de la COVID ?
Sang latin, indiscipline collective, manque de préparation, chacun a sa thèse.
Objectivement, le débat alimentera les recherches scientifiques, épidémiologiques, politiques, sociologiques pendant encore des années.
Et si c’était aussi parce que le Québec se retrouve face à la COVID comme un patient confronté au cancer, un mari au décès de son épouse.
Et si nous devions, nous aussi, franchir les cinq étapes du deuil ?
LE DÉNI
Comme la cigale, nous avons chanté tout l’été. La mise en garde de François Legault, le 25 août dernier, face au relâchement collectif, a été accueillie par un « Bof ! » généralisé. Bars bondés, karaoké, fêtes d’amis, le déni l’a emporté.
LA COLÈRE
Puis on a voulu lâcher les forces de l’ordre à la chasse aux délinquants. Les séances d’humiliation publique du ministre Christian Dubé contre les fêtards de Laval et la coiffeuse de Thetford Mines sont devenues un exutoire parfait.
On a blâmé le gouvernement, le message confus, les antimasques, le Dr Arruda.
LE MARCHANDAGE
Puis, ce fut la table de négociation. Zones vertes, jaunes, orange pour motiver. Mais le rouge est arrivé trop soudainement.
Offre finale : restez chez vous 28 jours, ça ira mieux. Un petit sacrifice pour une grande récompense.
LA DÉPRESSION
L’action de grâce sans retrouvailles s’est révélée bien triste. On a renoncé à l’halloween. Il n’y en aura pas de retour à la normale, le 28 octobre.
La déprime de l’automne est réelle cette année.
L’ACCEPTATION
Finalement, c’est le yo-yo confinement-déconfinement qui est invivable.
Un jour, nous céderons. Nous accepterons de vivre avec la COVID, le temps qu’elle durera. Ce jour-là, ça ira bien mieux.