Une question de dignité
Un pilier du monde de l’investissement québécois estime que les entreprises financées par l’état qui tournent le dos au français avec un nom anglophone devraient rendre des comptes aux Québécois.
« Il faudrait que l’entreprise, dans sa reddition de compte, fasse rapport de son comportement et de ses pratiques d’affaires à l’égard de la langue », pense Léopold Beaulieu, EX-PDG et fondateur de Fondaction CSN.
Pour le bâtisseur de l’un des plus importants fonds québécois, dont l’actif net frôle aujourd’hui les 2,3 milliards $, c’est une question de respect.
« Quand on importe des produits ici, c’est la qualité qui nous intéresse, le nom de l’entreprise, qu’il soit allemand, espagnol, français ou anglais, est d’une importance secondaire », poursuit l’ex-syndicaliste.
Léopold Beaulieu ne comprend donc pas pourquoi cela devrait être différent quand c’est l’inverse qui se produit.
Il insiste : au Québec, la langue officielle, c’est le français. Il en va de la dignité même du peuple québécois, selon lui.
RELÂCHEMENT
« Il y a une dérive qui peut s’expliquer par une certaine négligence, un certain relâchement, explique l’ex-numéro 1 de Fondaction. C’est une question de respect, d’affirmation et de dignité ».
Quand on lui demande ce qu’il pense du discours 100 % en anglais de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, prononcé il y a deux ans pour accueillir des entreprises britanniques, il en appelle à la responsabilité.
« Le français, langue officielle, comporte des exigences. Il y a un rôle des pouvoirs publics, qui doit pouvoir s’exprimer. Il y a du soutien aux entreprises. Le français doit être la langue du travail et des affaires », résume M. Beaulieu.