La nouvelle Inquisition
La scène se passe à l’époque des grands procès religieux.
– Reconnaissez-vous la présence du Malin en vous ?, demande l’inquisiteur. Reconnaissez-vous qu’il vous domine ? Qu’il vous hante, peutêtre malgré vous ?
– Non. Je ne suis pas possédé, répond l’accusé. Je n’ai pas à lutter contre le diable en moi, puisqu’il n’est pas en moi !
– C’est bien la preuve que vous êtes possédé ! Mais si vous l’avouez, j’y verrai une preuve de votre bonne volonté. Reconnaître la présence du démon en soi, c’est faire un premier pas pour s’arracher à son emprise !
Nous sommes témoins d’une campagne de harcèlement médiatique.
RELIGION
– Et pourtant, je ne suis pas possédé.
– Nous ne pouvons plus rien pour lui. Son âme est perdue.
Et soudainement, la foule se rassemble rageusement autour du possédé pour hurler : « Arrière, Satan ! Nous ne voulons plus de toi en ce monde ! »
Vous me voyez venir.
La scène est récente, finalement. Mais elle concerne la théorie du racisme systémique.
On pourrait aussi parler d’une meute de journalistes du complexe Radio-canada/ agressant sans la moindre gêne le premier ministre du Québec à chaque conférence de presse pour lui faire « avouer » que le Québec est possédé par le racisme systémique. Ils confisquent ainsi l’actualité pour la soumettre à leur obsession idéologique.
Cette campagne relève du harcèlement médiatique. Toutes les ligues de vertu provinciales y participent. Il s’agit désormais de montrer qu’on est du bon côté de la morale. On dénonce le racisme systémique comme autrefois on faisait ses prières. Systémique ! Systémique ! Systémique ! Plus on le répète, plus on s’en convainc.
On en trouve plusieurs qui, hier encore, ne seraient pas parvenus à définir le terme et qui, aujourd’hui, se scandalisent qu’on ne l’emprunte pas. D’ailleurs, ses définitions se multiplient au point de se contredire.
Qu’importe le flacon conceptuel, pour peu qu’on ait l’ivresse de l’indignation !
Les pétitions s’accumulent, chacun veut en signer une, de peur qu’on remarque son absence.
Parmi ces signataires, plusieurs savent probablement que tout cela relève de la transe mystique et n’adhèrent pas à la théorie en question, mais ne veulent d’aucune manière qu’on ne le sache, de peur de subir un procès à leur tour. Alors, ils se couchent.
On voit aussi des éditorialistes qui se prennent pour des évêques et somment le gouvernement d’enfin se mettre à genoux pour s’excuser d’avoir si longtemps erré. Ils sont bien prêts à lui pardonner. À condition qu’il se repente.
REPENTANCE
À la rigueur, ils expliquent le fait que François Legault leur tient tête par calcul politique. Il saurait que le racisme systémique est partout, mais refuserait de l’admettre pour ne pas heurter sa base électorale supposément ignare. S’il pouvait au moins se sortir du piège populaire, et guider son peuple en l’arrachant à ses préjugés ! Mais non, il le flatte comme une grosse bête !
Notre époque, quoi qu’on en dise, est religieuse et fanatique. Elle a ses exorcistes, ses évêques, ses curés, ses dévots, et ses hérétiques.
Et ces derniers, elle veut les brûler au bûcher médiatique. Ou les jeter à la horde des lapidateurs haineux des médias sociaux.