Le Journal de Quebec

Ce bon vieux Bruce

Le Boss ressasse ses souvenirs dans un album aux allures d’au revoir, Letter to You

- CÉDRIC BÉLANGER

La question s’impose. Truffé de références à son passé, trempé dans le rock and roll de la belle époque et accompagné d’un making-of nous le montrant en train d’enregistre­r ses nouvelles chansons dans le bonheur et la camaraderi­e avec son E Street Band, Letter to You, vingtième album en carrière, serait-il le chant du cygne du Boss ? Son oeuvre testament?

Si c’est le cas – et ses fidèles fans souhaitent certaineme­nt qu’on fasse fausse route –, il serait difficile d’exiger un meilleur au revoir de la part de ce bon vieux Bruce. De facture résolument rock, Letter to

You a du mordant. C’est du Springstee­n à son meilleur avec une douce touche de nostalgie.

Que ce soit quand il songe à ses amis disparus dans Ghosts qu’il lance en chantant « j’entends le son de vos guitares » ou à travers l’intro au piano qui met la table de la superbe House of Thousand Gui

tars, Springstee­n joue avec brio la carte de l’émotion.

Dans Last Man Standing, une autre réussite, il fait face au fait qu’il est désormais le seul membre encore vivant des Castiles, son premier groupe quand il était adolescent.

Son regard vers le passé est inspiré et, musicaleme­nt, évite la redite.

LA FORCE DU COLLECTIF

Les abonnés à Apple TV+ pourront aussi constater, dans le documentai­re en noir et blanc consacré à l’enregistre­ment de l’album, l’esprit de clan qui unit Springstee­n à son E Street Band et qui procure le surplus d’âme qui se dégage des nouvelles compositio­ns.

« Vous voulez savoir quand arrêter ? Regardez-moi, je vais vous donner un indice », lance-t-il, le regard amusé, au terme d’un débat cacophoniq­ue avec Steven Van Zandt et les autres musiciens ayant pour sujet l’endroit précis où prendre une pause durant une chanson.

Dans Letter to You, c’est la force du collectif qui fait la différence. Avec, en arrièrepla­n, des images qui touchent au coeur : le Boss qui dirige tel un chef d’orchestre le saxophonis­te Jake Clemons, le neveu du regretté Big Man, Clarence Clemons, ou encore Bruce qui pousse la note avec toute l’intensité dont il est capable avec sa femme Patti.

QUATRE JOURS POUR ENREGISTRE­R

Springstee­n avait réservé cinq jours à son studio personnel pour enregistre­r

Letter to You. Comme il l’a révélé dans une conférence de presse Zoom à laquelle a participé Le Journal, mercredi, tout a finalement été bouclé en quatre jours. L’expérience, c’est payant.

« La cinquième journée, on l’a écouté et on s’est raconté des histoires », a-t-il relaté.

Letter to You, a poursuivi le Boss, a été enregistré à l’ancienne. Tout le monde jouait en même temps, une seule prise pour les voix et trois heures par chanson. « Comme les Beatles », faisait remarquer Steven Van Zandt.

« Ce fut une expérience unique », a résumé Springstee­n.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Bruce Springstee­n lance le 20e album de sa carrière, Letter to You, un opus résolument rock, le 23 octobre prochain.
PHOTO COURTOISIE Bruce Springstee­n lance le 20e album de sa carrière, Letter to You, un opus résolument rock, le 23 octobre prochain.
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