TRAIN DE VIE PRINCIER SUR LE BRAS D’INVESTISSEURS
Un homme d’affaires des Laurentides est au coeur d’une mégafraude alléguée de 30 millions $
Un homme d’affaires de SaintJérôme de 39 ans est soupçonné d’être la tête dirigeante d’une vaste fraude de plus de 30 millions $.
Jean-françois Désormeaux se la serait coulée douce aux dépens d’une quarantaine d’investisseurs pendant plus de cinq ans, selon des allégations formulées dans une dénonciation au soutien d’une perquisition.
Désormeaux, propriétaire des firmes Idéal Finance et Idéal Développement, se serait offert à leur détriment des voitures de luxe Mercedes et Porsche, des montres Rolex de 60 000 $, une maison d’un million de dollars et un bateau de 150 000 $, entre autres.
Plusieurs prêteurs s’estimant floués ont engagé des recours contre lui devant les tribunaux depuis trois ans pour récupérer leur argent. L’un de ces prêteurs, Manlio Del Negro, est maintenant juge à la Cour du Québec.
La Sûreté du Québec soupçonne également Désormeaux et quelques complices d’avoir détourné à leur profit des sommes colossales destinées à du développement immobilier en région.
La Sûreté du Québec (SQ) a perquisitionné les bureaux d’idéal en novembre 2016.
« L’enquête est toujours en cours », nous a indiqué la sergente Marie-michèle Moore, de la SQ, à la fin août.
COMME UN PRINCE
Désormeaux aurait mené un train de vie somptueux sur le dos de prêteurs privés qui croyaient financer de réels projets immobiliers.
On parle ici principalement des stations-service et des restos d’alimentation rapide en région.
Ces prêteurs se seraient fait berner, selon la police. Au total, les policiers estiment les sommes détournées à environ 30 millions $.
Selon des allégations, Désormeaux aurait bénéficié de la complicité d’un notaire de Laval ( Ses bureaux ont été perquisitionnés en 2017.
Jean-françois Désormeaux aurait aussi eu recours aux services de prête-nom, dont un jeune employé d’un restaurant Planète Poutine qui aurait servi de « poteau » dans cette affaire. Ce dernier, Olivier Gaudet, âgé de 27 ans, a déclaré une faillite de 20 millions $ en 2018.
Une dénonciation d’une policière pour obtenir un mandat de perquisition dans ce dossier dresse une liste des victimes présumées de Désormeaux. Parmi celles-ci, Manlio Del Negro, un avocat criminaliste qui a été nommé juge en mars 2017.
L’homme de loi exploitait à l’époque avec son épouse une entreprise de prêts privés à haut taux d’intérêt.
UN GROS PRÊT
Il aurait prêté plus de 650 000 $ à Désormeaux en 2015. C’est lors du week-end du Grand Prix de Montréal qu’il se serait rendu compte de ce qu’il estime être une « arnaque », selon le document qui a mené aux perquisitions.
« Après 15 minutes [dans une loge V.I.P. avec Désormeaux et quelques autres], Manlio Del Negro comprend que son argent est en péril entre les mains de ces gens », relate la policière.
« Olivier Gaudet n’inspire aucune confiance à [...] Del Negro : il s’agit d’un jeune dans la vingtaine, habillé dans le style “yo” avec des vêtements très coûteux », ajoute-t-elle.
La femme de Del Negro, Suzan Caon, a entrepris des recours contre Désormeaux, le notaire Pierre Aubin et d’autres pour se faire rembourser il y a trois ans. Le procès dans ce dossier doit débuter dans les prochaines semaines.
Patrick Moryoussef, vice-président d’une entreprise minière internationale, ferait aussi partie des victimes. Il aurait perdu près de 1,4 million $ aux mains de Désormeaux, selon des allégations déposées dans un recours de plusieurs investisseurs.
PLANÈTE POUTINE IMPLIQUÉE
L’ancien acquéreur de la chaîne de restauration rapide Planète Poutine, l’homme d’affaires Benoît Charron, serait aussi mêlé à ce dossier.
Il figure sur une courte liste des personnes impliquées dans le « stratagème frauduleux », selon la dénonciation de 2017. Charron s’est déclaré insolvable en 2015 avec des dettes de plus de 5 millions $.
Une décision en 2016 du juge Michel Belhumeur, de la Cour du Québec, reliait Charron à Claude-alexandre Tremblay, un trafiquant de drogue de la Rive-nord de Montréal.
Les faits mentionnés dans la dénonciation n’ont pas été démontrés devant un tribunal.