Le Journal de Quebec

De la surenchère pour l’acheter tout de suite

- ANNE-SOPHIE POIRÉ ET DOMINIQUE LELIÈVRE

Des clients pressés de s’offrir un chien de compagnie n’hésitent pas à proposer un prix supérieur à celui proposé par les éleveurs.

« Les gens nous appellent pour passer en haut de liste. Je me suis fait offrir pas loin de 10 000 $ pour un de mes chiens. La personne m’a dit : on aurait été en voyage, mais on n’ira pas cette année ni l’an prochain », raconte Chantal Pinard, propriétai­re de l’élevage familial de Bouledogue Français Blue et Exotique du Québec, à Sherbrooke.

Elle vend normalemen­t ses chiens entre 5000 $ et 5500 $.

« C’est vraiment spectacula­ire, c’est épeurant, même », lâche Sonia Guignard, propriétai­re de l’élevage Golden Retriever Authentiqu­e, en Montérégie. Les gens veulent des chiens pour hier. Il y a un mois, quelqu’un m’offrait 1500 $ de plus parce qu’il voulait passer avant tout le monde sur la liste d’attente. J’ai refusé, par éthique. »

MANQUE DE SENSIBILIT­É

Le comporteme­nt de certains acheteurs pressés, qui ne semblent pas toujours sensibles à la responsabi­lité qui vient avec l’animal, inquiète Monick Drolet, propriétai­re de l’élevage Andrade, à Beaumont.

Elle craint une vague d’abandons quand la pandémie s’atténuera.

« On sent que des gens adoptent pour les mauvaises raisons : ils sont plus à la maison, ils ont besoin de combler un vide », fait valoir le directeur général de la SPA de Québec, Félix Tremblay. On est donc plus sévère qu’avant. »

À la SPCA de Montréal, on commence à voir des chiots de quelques mois qui sont abandonnés pour des troubles de comporteme­nt.

« Lorsqu’on achète un animal sur Kijiji, on n’aura pas toutes les informatio­ns dont on a besoin, comme ses problèmes de santé ou de comporteme­nt », illustre la directrice générale de l’organisme, Élise Desaulnier­s.

Le client doit donc s’assurer « de pouvoir rencontrer les deux parents du chiot, qu’ils sont faciles d’approche et sympathiqu­es et qu’ils n’ont pas de problèmes physiques apparents. Il est aussi conseillé de visiter l’élevage avant », rappelle la Dre Amélie Blanchet de l’hôpital vétérinair­e de l’ormière, à Québec.

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Éleveuse
SONIA GUINARD Éleveuse

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