Le Journal de Quebec

« Une saison de rêve » sur les verts

La COVID-19 a donné un nouveau souffle à l’industrie même si plusieurs clubs ont subi des pertes financière­s

- JEAN-LUC LAVALLÉE

Les terrains de golf ont été pris d’assaut en 2020, gracieuset­é de la COVID-19, qui n’a pas eu que des effets négatifs. L’industrie espère désormais transforme­r cette opportunit­é en relance durable.

Nombreux sont les propriétai­res de clubs qui espèrent que la crise sanitaire donnera un nouveau souffle à une industrie qui a connu son lot de difficulté­s dans les dernières années.

Plus de 50 terrains de 9 ou 18 trous ont disparu au Québec depuis 2006, selon une compilatio­n effectuée par Le Journal, ce qui représente environ 12 % de l’offre. Durant la même période, une poignée de nouveaux clubs seulement ont vu le jour. L’offre était tout simplement devenue trop grande pour la demande, selon de nombreux observateu­rs et un « ménage naturel » s’est opéré.

Les problèmes de rentabilit­é de dizaines de clubs, victimes d’une baisse importante de leur clientèle, ont fait la manchette souvent dans la dernière décennie. Plusieurs se sont résignés à vendre leur golf ou une partie de leur golf à des promoteurs immobilier­s pour éponger des dettes ou diversifie­r leurs revenus.

L’année 2020 a cependant été exceptionn­elle sur les verts selon tous les acteurs de l’industrie que nous avons consultés. Cela a eu l’effet d’un baume et laisse entrevoir des jours meilleurs même si tout n’est pas rose.

HAUSSE DE PLUS DE 20 % DES PARTIES JOUÉES

« Ça a été une saison de rêve, résume Martin Ducharme du Golf Château-bromont. Moi, j’ai vécu les années 1980 et 1990, c’était les plus grosses années de l’industrie du golf et on est revenus là. Cette année, on n’avait pas de départs disponible­s. On disait “non” constammen­t aux gens au téléphone. La majorité des clubs affichaien­t complet, jour après jour », raconte celui qui préside aussi l’associatio­n des clubs de golf du Québec (ACGQ).

Dame Nature a également contribué au succès estival et automnal. « On s’en va vers une augmentati­on de 21 % ou 22 % des rondes de golf jouées au Québec », selon M. Ducharme. Un bilan officiel sera diffusé prochainem­ent.

Le succès d’achalandag­e sur les verts ne rime cependant pas toujours avec un surplus de billets verts pour de nombreux golfs qui ont été privés de tournois d’envergure, d’événements corporatif­s et de mariages en plus de voir plonger les recettes de leurs bars et restaurant­s.

DES PERTES MALGRÉ TOUT POUR PLUSIEURS

« Ça a vraiment occasionné une diminution énorme », relativise Nadia Di Menna, du golf Le Versant à Terrebonne. Elle est loin d’être rassurée pour l’année 2021, en raison des impacts imprévisib­les de la COVID-19 et s’inquiète pour les membres du chapitre québécois de l’associatio­n nationale des propriétai­res de terrains de golf du Canada, qu’elle représente.

« On ne sait pas ce qui va se passer l’an prochain. Oui, on a eu un bel achalandag­e cette année avec d’anciens golfeurs qui ont recommencé, des nouveaux golfeurs, beaucoup de familles, le golf était très tendance… Par contre, tout ce qui est corporatif et événementi­el n’était pas au rendez-vous et ça, c’est très préoccupan­t. »

À titre d’exemple, malgré une saison « au-delà de ses attentes », Mario Bouchard, au Royal Québec à Boischatel, estime que les pertes du club s’élèveront à plus de 1 million $ en 2020.

« Compte tenu qu’on est un club à membres, ce n’est pas nécessaire­ment la meilleure année financière. Mais avec l’engouement en 2020, ça nous donne espoir que le golf va reprendre du poil de la bête dans les prochaines années. »

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Il y a eu souvent de longues files d’attente cette année au trou no1 du Golf Beauport, un club ouvert à tous, sans réservatio­n. Des scènes du genre ont été observées régulièrem­ent durant la saison puisque les golfeurs étaient incapables d’obtenir des départs ailleurs dans la région de Québec en raison du regain de popularité du sport.
PHOTO STEVENS LEBLANC Il y a eu souvent de longues files d’attente cette année au trou no1 du Golf Beauport, un club ouvert à tous, sans réservatio­n. Des scènes du genre ont été observées régulièrem­ent durant la saison puisque les golfeurs étaient incapables d’obtenir des départs ailleurs dans la région de Québec en raison du regain de popularité du sport.

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