Le Journal de Quebec

Comment me libérer d’une mère toxique ?

- LOUISE DESCHÂTELE­T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je vais tenter de résumer ma vie pour que vous puissiez m’aider à régler le problème que j’ai avec ma mère et qui me ruine l’existence. Je suis une fille unique. Devenue veuve quand j’avais 13 ans, ma mère a choisi de me consacrer sa vie, par la suite.

Tout ce qui me concernait était réglé par celle dont j’étais la raison de vivre et le principal centre d’intérêt. Pas besoin de vous dire que ce ne fut pas simple de me libérer de son emprise quand est venu le temps de me faire un ami de coeur. Aucun des gars que j’ai eus comme chum à partir de l’âge de 18 ans n’a réussi à lui plaire.

Comme je vivais encore avec elle, les moyens de m’échapper pour m’émanciper étaient rares. Et comme elle m’hébergeait sans que ça me coûte un sou, l’idée de partir en appartemen­t ne m’effleurait même pas l’esprit, jusqu’à ce que je fasse la connaissan­ce, il y a un an et demi, de mon amoureux actuel.

Tous deux rendus à 33 ans, il nous a semblé logique de s’installer ensemble. Ce fut un coup dur pour ma mère, mais comme elle a tripé sur l’aménagemen­t de notre appartemen­t, elle en a oublié le fait qu’elle allait se retrouver toute seule ensuite.

Le problème, c’est qu’elle a continué de gérer ma vie comme si j’habitais encore avec elle. Se mêlant de planifier nos sorties et de mettre son nez dans toutes nos affaires. Tous les prétextes sont bons pour s’inviter, au point que notre vie sociale tourne autour d’elle.

Comme en plus elle nous a aidés financière­ment pour l’achat d’un condo d’une valeur qu’on n’aurait pas eu les moyens de se payer, il est difficile de la mettre de côté. En même temps, ça me donne le sentiment de ne plus avoir aucune intimité avec mon conjoint, car même quand on va visiter ses parents, elle s’impose.

J’ai bien tenté de lui faire comprendre à quelques reprises qu’elle devenait pesante à la longue. Mais chaque fois ça s’est terminé en crise de larmes de sa part. Elle me traite d’ingrate et me remet sur le nez mon grand égoïsme par des phrases du genre « Je vois commet tu es ! Mon argent fait bien ton affaire, mais pas ma présence ! »

Alors je m’excuse et c’est reparti pour une autre ronde. Mon conjoint ne veut pas s’en mêler, vu que c’est ma mère, mais je vois bien que ça le fatigue que notre résidence soit quasiment devenue celle de sa belle-mère, puisqu’elle dort chez nous à tout bout de champ. Comment est-ce que je peux me sortir de ça ?

Fille désemparée

La seule façon de vous sortir de ça, comme vous dites, c’est en devenant une adulte indépendan­te et maître de sa vie. Vous avez complèteme­nt raté votre entrée dans le processus normal par lequel un enfant devient un adulte en sortant du giron maternel. Et c’est ce chemin que vous devez emprunter au plus vite si vous voulez y parvenir.

Ça ne sera pas facile je vous en préviens, mais c’est la seule façon de prendre vos distances avec une mère envahissan­te à qui vous avez toujours laissé le champ libre pour occuper votre espace privé.

C’est un fait que la dépendance financière envers elle n’aide pas dans les circonstan­ces. Mais vous allez devoir, ainsi que votre conjoint, demeurer ferme dans votre déterminat­ion à lui faire savoir que vous avez droit à votre intimité, ainsi qu’à la totale liberté de bâtir votre vie d’adulte sans sa présence constante. Exactement comme elle l’a fait elle-même avec votre père.

Il va peut-être même falloir songer à lui proposer de la rembourser pour qu’elle saisisse bien votre déterminat­ion à couper un cordon ombilical de plus en plus inappropri­é rendu à votre âge.

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