Le Journal de Quebec

Des compagnons à quatre pattes vendus trois fois plus cher

Certains utilisent la pandémie pour gonfler le prix des animaux de compagnie

- ANNE-SOPHIE POIRÉ ET DOMINIQUE LELIÈVRE

Des spécialist­es des chiens dénoncent les pratiques douteuses

de certains qui profitent de la forte demande pour les animaux de compagnie, comme les golden retrievers, pour gonfler les prix.

Des éleveurs de chiens accusent certains profiteurs d’augmenter leurs prix de façon exagérée en raison de la hausse de la demande des animaux de compagnie depuis le début de la pandémie.

« Il y a quelque chose de choquant de constater que les animaux sont considérés comme une marchandis­e à un prix élastique qui varie en fonction de l’offre et de la demande », laisse tomber Élise Desaulnier­s, directrice générale de la SPCA de Montréal.

Selon plusieurs éleveurs de chiens contactés par Le Journal, des profiteurs tirentavan­tage de la pénurie d’animaux dans les refuges et l’attente de quelques années chez les éleveurs certifiés pour faire bondir le prix de leurs bêtes.

« En temps normal, il y a six mois ou un an d’attente. Mais en ce moment, mes chiens sont réservés jusqu’en 2022 », explique Sonia Guignard, propriétai­re de l’élevage familial Golden Retriever Authentiqu­e, en Montérégie.

Elle vend ses chiens « certifiés pure race et garantis deux ans et demi » à 2000 $, un prix jugé honnête dans le marché actuel.

La propriétai­re de l’élevage Domaine Beau Rêve, à Oka, Élise Dandurand, note une hausse de la demande de « près de 500 % » depuis le mois de mars. « Ça ne m’est jamais arrivé en 35 ans », dit-elle.

« PAS UN WALMART »

Monick Drolet, propriétai­re de l’élevage Andrade, à Beaumont, a choisi de ne pas augmenter ses prix ni de mettre de la pression sur son élevage de golden retrievers, même si elle croule sous les demandes des clients.

« Les gens ne réalisent pas, ils veulent ça tout de suite… mais je ne suis pas un Walmart ! » lance celle qui vend ses chiens testés et garantis deux ans à 1900 $.

Elle affirme que certains producteur­s concurrent­s ont des pratiques douteuses.

« Un “éleveux” de fond de cour, dans le moment […] a senti la manne et est rendu à 3000 $ pour un golden retriever avec un tempéramen­t parfois so-so », dénonce

Mme Drolet.

Sur Kijiji, une annonce affiche un chiot golden croisé avec un labrador âgé de 6 semaines à 2500 $. Les éleveuses estiment que ce chien vacciné et vermifugé devrait se vendre entre 500 $ et 800 $.

« C’est du vol ! » lance Diane Plante, propriétai­re du Chenil Dicha, à Trois-rivières, qui continue de vendre ses chiens 1700 $ malgré la « très forte demande ».

L’OFFRE ET LA DEMANDE

Au chenil Les chiens du Ô Ranch, à Ascot Corner, en Estrie, on a plutôt choisi d’augmenter les prix des chiots « pour suivre l’offre et la demande », précise un des propriétai­res, Jacques Descoteaux.

Le bébé femelle toutes races confondues est donc passé de 1200 $ à 1800 $, dit-il, en spécifiant qu’il est toujours dans les moins chers sur le marché. « Il y a des gens qui ont presque triplé leurs prix », selon lui.

Aux petits câlins, à Saint-félix-de-valois, on vend des chiots croisés entre 2300 et 2500 $, une hausse d’au moins 700 $ depuis mai a-t-on indiqué.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Monick Drolet, éleveuse de golden retrievers à Beaumont, a décidé de ne pas augmenter ses prix malgré la hausse de la demande.

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