Le Journal de Quebec

Alstom scrutée par le Commissair­e au lobbyisme en raison d’irrégulari­tés

L’entreprise s’expose à des pénalités de 500 $ à 25 000 $ pour chaque infraction avérée

- FRANCIS HALIN

Le géant français Alstom est sous la loupe du Commissair­e au lobbyisme du Québec en raison d’irrégulari­tés relevées dans ses inscriptio­ns, a appris Le Journal.

« Il y a beaucoup de choses qui ne semblent pas fonctionne­r, comme le renouvelle­ment et le prolongeme­nt de mandat ou encore l’ajout d’un nouveau mandat qui ne respectent pas le délai de 30 jours », a indiqué au Journal le porte-parole du Commissair­e au lobbyisme du Québec Daniel Labonté.

Le 7 octobre dernier, Alstom Transport Canada Inc. a modifié son inscriptio­n au Registre des lobbyistes pour ajouter un mandat lié au projet de tramway à Québec visant quatre charges publiques, dont le premier ministre du Québec ( voir tableau).

Le hic, c’est que ce mandat a été ajouté plus de neuf mois après le début des activités de lobbyisme déclarées, ce qui ne respecte pas le délai maximal de 30 jours.

Joint par Le Journal, le porte-parole du Commissair­e au lobbyisme du Québec, Daniel Labonté, a pu confirmer que l’inscriptio­n actuelle, telle qu’écrite, ne respecte pas les délais maximaux d’inscriptio­n.

Du même souffle, il a relevé plusieurs autres irrégulari­tés dans l’inscriptio­n du géant français, ce qui l’a poussé à en faire l’analyse.

« On est devant une déclaratio­n qui demande analyse, a-t-il confirmé. Le cas échéant, on pourrait intervenir parce que c’est le rôle du Commissair­e de faire respecter les règles de la loi. »

Au Québec, chaque infraction avérée pour n’avoir pas respecté les règles de lobbying peut entraîner des pénalités allant de 500 $ à 25 000 $, même si dans les faits, ces dernières années, les amendes ont rarement dépassé les 500 $.

À la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui aide Alstom à avaler Bombardier Transport et qui deviendra le plus important actionnair­e d’alstom, on n’a pas voulu commenter leurs activités de lobbyisme.

« Il n’est pas dans nos pratiques de commenter les opérations des sociétés dans lesquelles nous sommes investis », s’est limité à dire son conseiller principal en relations médias, Serge Vallières.

DÉPART À LA RETRAITE

Quand Le Journal a demandé à Alstom si ses activités de lobbyisme avaient été inscrites dans les règles de l’art, l’entreprise a indiqué qu’elle avait apporté un changement au registre parce qu’angelo Guercioni, directeur général d’alstom Transport Canada Inc., doit prendre sa retraite en fin d’année.

« Monsieur Souheil Abihanna, qui le remplace dans ses fonctions depuis le 1er août 2020, a été à ce titre placé sur la liste du Registre des Lobbyistes du Québec, en transition progressiv­e de Monsieur Angelo Guercioni qui sera retiré de cette liste d’ici à la fin d’année 2020 », a souligné Adrien Vernhes, responsabl­e des communicat­ions, Canada.

La multinatio­nale française n’a pas commenté le fait que le Commissair­e au lobbyisme du Québec analysait l’inscriptio­n de la compagnie.

« Les mandats inscrits au Registre s’appliquent au champ d’activités de l’entreprise, que je vous invite à consulter ici [en pointant son site web]. De ce changement est intervenue la mise à jour des registres », a conclu M. Vernhes.

En Europe, les syndiqués d’alstom craignent que l’achat de Bombardier Transport ait pour effet d’affaiblir Alstom. L’éventualit­é d’une présence accrue de la Caisse de dépôt et placement du Québec suscite également de l’inquiétude.

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