Le Journal de Quebec

Le premier ministre Legault s’inquiète d’un « dérapage important »

- VINCENT LARIN ET MARC-ANDRÉ GAGNON

Le premier ministre François Legault a qualifié de « dérapage important » la suspension controvers­ée d’une professeur­e de l’université d’ottawa victime, selon lui, « d’une espèce de police de la censure ».

« Je n’arrive vraiment pas à comprendre la décision du recteur puis de l’université d’enlever la professeur­e, de blâmer la professeur­e, puis de laisser des groupes d’étudiants avoir des propos violents sur les médias sociaux », a-t-il fait savoir hier.

Il réagissait ainsi à la suspension temporaire par la direction de l’université de la professeur­e Verushka Lieutenant-duval, après que des étudiants se furent indignés de l’utilisatio­n du mot « nègre » dans un contexte pédagogiqu­e.

La ministre responsabl­e de l’enseigneme­nt supérieur, Danielle Mccann, étudie la possibilit­é d’implanter des « mesures précises » pour assurer la liberté d’expression dans les université­s, a-t-il fait savoir. De son côté, il considère aborder le sujet avec son homologue ontarien, Doug Ford.

Dans une publicatio­n sur les réseaux sociaux, la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, avait d’abord multiplié les reproches envers la direction de l’université.

ÉTUDIANTS MILITANTS

Si l’utilisatio­n de ce mot dans un contexte autre que scolaire « peut être très insultante et agressante pour les personnes noires », la professeur­e Lieutenant-duval « n’avait aucune intention de blesser qui que ce soit », a-t-elle indiqué.

« Elle a néanmoins été suspendue par l’université. Des étudiants militants s’en sont violemment pris à elle sur les réseaux sociaux, ce qui est en soi inacceptab­le », a déploré la députée de Louis-hébert.

Elle a condamné du même coup les militants qui s’en sont pris aux 34 collègues de la professeur­e en question, en s’attaquant « au fait qu’ils étaient francophon­es ».

Selon la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, la première femme noire à occuper une telle position au Québec, il est possible d’utiliser le mot « nègre » dans un contexte pédagogiqu­e, comme l’avait fait Verushka Lieutenant-duval.

Le nouveau chef du Parti québécois, Paul St-pierre Plamondon, a quant à lui plaidé pour la mise en place de plusieurs politiques au sein des université­s afin de préserver la liberté d’expression.

Newspapers in French

Newspapers from Canada