Le Journal de Quebec

MARIO DUMONT Enfin une offensive contre les armes illégales

- mario.dumont @quebecorme­dia.com

La ministre Geneviève Guilbault a annoncé hier quelques dizaines de millions pour renforcer la guerre aux groupes criminalis­és et surtout aux attaques par armes à feu. Une décision qui est la bienvenue après des événements préoccupan­ts.

Plusieurs occasions où des malfaiteur­s ont ouvert le feu en pleine rue ont alerté le public au danger que ces individus peuvent représente­r. Lorsqu’on tire dans le Vieux-port de Montréal à travers les terrasses de restaurant et les condos résidentie­ls, on ne peut plus parler de règlements de compte entre criminels. On parle d’une menace réelle à la sécurité du grand public.

Malheureus­ement, ce genre d’événements hautement dangereux finit par représente­r le seul déclencheu­r qui amène une réaction musclée des gouverneme­nts. C’est le cas aujourd’hui.

Ce qui me plaît surtout dans cette annonce, c’est le fait qu’on lance enfin une offensive sur les armes illégales. Après des années d’efforts et des centaines de millions investis pour compliquer la vie des simples détenteurs d’armes de chasse.

SUR LE DOS DES CHASSEURS

Appelons les choses par leur nom. Nos gouverneme­nts ont investi depuis plusieurs années cent fois plus d’argent et d’énergie à traquer les propriétai­res d’armes légales qu’à pourchasse­r les trafiquant­s d’armes prohibées.

Pensons seulement aux chasseurs et agriculteu­rs, propriétai­res d’armes d’épaule, qui ont connu plus que leur part de tracas depuis vingt ans. Un registre fédéral trop large et aux coûts exorbitant­s leur a d’abord fait porter un poids injustifié.

Puis, lorsque le gouverneme­nt Harper a rempli son engagement d’en retirer les armes d’épaule, c’est le Québec qui a pris la relève. L’AS-semblée nationale a finalement créé son propre registre sous les libéraux, et la CAQ, malgré quelques simplifica­tions administra­tives, a complété sa mise en place.

Après les millions gaspillés par Ottawa, Québec se lançait dans la poursuite de cette obsession du registre, une mesure qui ne m’a jamais convaincu du point de vue de la sécurité publique.

MÊME GOUVERNEME­NT

Ce qui me renverse cependant, c’est le peu d’intérêt des mêmes gouverneme­nts pour le trafic d’armes illégales. Alors que les attaques armées se multipliai­ent à Toronto l’an dernier, des reportages décrivaien­t l’ampleur de la circulatio­n souterrain­e de telles armes.

Des armes de guerre prohibées au Canada qui transitaie­nt à la frontière, des armes en pièces détachées destinées à être montées, tout cela était facile à trouver. Les moyens donnés aux services frontalier­s et à la GRC en la matière apparaissa­ient bien modestes par rapport à la croissance du phénomène.

Soyons sérieux : si un gouverneme­nt souhaite vraiment protéger le public, il ne tombe pas sur le dos de Jean-guy qui chasse la perdrix au nord de Mont-laurier. Pour compliquer l’approvisio­nnement en armes à feu des gangs de rue, il faut tomber à bras raccourcis sur le trafic d’armes illégales.

Je ne sais pas si les nouvelles escouades policières, comme celle qui traque les ventes d’armes sur internet, donneront tous les résultats escomptés. Mais au moins, les efforts sont à la bonne place.

Pour une fois, on laisse les chasseurs tranquille­s.

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