Le géant délinquant du recyclage fait des affaires au Panama
Une filiale dans ce paradis fiscal aurait servi à encaisser des paiements
La compagnie de recyclage Ricova, qui a pris le contrôle des centres de tri montréalais, est liée à des entreprises du Panama, un paradis bancaire et fiscal.
Notre Bureau d’enquête révélait hier que cette entreprise cumule les plaintes et litiges dans des municipalités du Québec.
Selon une poursuite déposée devant la Cour supérieure, Ricova s’est servie d’une société panaméenne pour vendre du papier sortant des centres de tri québécois.
L’entreprise italienne Galtrade relate que des contrats qu’elle avait conclus avec un vendeur de Ricova, à Saint-hubert, ont été signés au nom de Ricova Corporation.
Après que Galtrade eut versé son dépôt dans un compte bancaire dans ce petit pays d’amérique centrale, le papier qui devait venir de Montréal n’a jamais été livré, allègue la poursuite.
« Il est indéniable que tout l’aspect légal et opérationnel a été géré par la société québécoise Ricova International Inc. et que la société panaméenne Ricova Corporation n’a servi qu’à encaisser les sommes versées », plaide Galtrade.
Ricova Corporation conteste cette vision. Ses avocats prétendent que les contrats ont été conclus au Panama et que Ricova Corporation est une entité complètement distincte des compagnies québécoises.
Ils ont plaidé sans succès au tribunal que la cause n’était pas de sa juridiction.
UNE ADRESSE COMMUNE
Toutefois, selon ce que notre Bureau d’enquête a constaté, il existe des liens étroits entre Ricova au Québec, Ricova Corporation et deux autres compagnies basées au Panama : Ricova International et RGA Holdings International.
Les trois sociétés panaméennes partagent une adresse commune, qui a déjà été inscrite sur le site web de l’entreprise québécoise. Il s’agit d’un cabinet d’avocats situé à Panama City.
Le holding a servi au propriétaire de Ricova, Dominic Colubriale, pour brasser des affaires à l’international.
C’est par cette société qu’il était copropriétaire de l’entreprise de recyclage KK Asia à Singapour, démontrent des documents judiciaires de ce pays.
Nous avons aussi trouvé des liens entre RGA Holdings International et des entreprises de recyclage portant le nom Ricova en Colombie et en Espagne.
TOUJOURS ACTIVE
En entrevue, M. Colubriale a reconnu avoir fait des affaires au Panama.
Il a d’abord nié qu’il y avait une poursuite. « On a eu un feu à Panama, l’usine a passé au feu. Il n’y a pas de problème à Panama, je ne sais pas ce que vous dites », a-t-il dit, avant d’émettre des doutes sur la probité d’un des dirigeants de Galtrade.
Notre Bureau d’enquête a constaté que la société panaméenne nommée Ricova International est encore très active dans l’import-export de matières recyclables.
Un de ses chargements de papier est actuellement en chemin entre le Nicaragua et l’inde.
Plusieurs cargaisons de papier au nom de cette firme panaméenne sont d’ailleurs parties du port de Montréal, dont une vers le Pérou, en mai.