Le Journal de Quebec

Le géant délinquant du recyclage fait des affaires au Panama

Une filiale dans ce paradis fiscal aurait servi à encaisser des paiements

- DOMINIQUE CAMBRON-GOULET Vous avez des informatio­ns à ce sujet ? Contactez Dominique Cambron-goulet au 514 257-1431.

La compagnie de recyclage Ricova, qui a pris le contrôle des centres de tri montréalai­s, est liée à des entreprise­s du Panama, un paradis bancaire et fiscal.

Notre Bureau d’enquête révélait hier que cette entreprise cumule les plaintes et litiges dans des municipali­tés du Québec.

Selon une poursuite déposée devant la Cour supérieure, Ricova s’est servie d’une société panaméenne pour vendre du papier sortant des centres de tri québécois.

L’entreprise italienne Galtrade relate que des contrats qu’elle avait conclus avec un vendeur de Ricova, à Saint-hubert, ont été signés au nom de Ricova Corporatio­n.

Après que Galtrade eut versé son dépôt dans un compte bancaire dans ce petit pays d’amérique centrale, le papier qui devait venir de Montréal n’a jamais été livré, allègue la poursuite.

« Il est indéniable que tout l’aspect légal et opérationn­el a été géré par la société québécoise Ricova Internatio­nal Inc. et que la société panaméenne Ricova Corporatio­n n’a servi qu’à encaisser les sommes versées », plaide Galtrade.

Ricova Corporatio­n conteste cette vision. Ses avocats prétendent que les contrats ont été conclus au Panama et que Ricova Corporatio­n est une entité complèteme­nt distincte des compagnies québécoise­s.

Ils ont plaidé sans succès au tribunal que la cause n’était pas de sa juridictio­n.

UNE ADRESSE COMMUNE

Toutefois, selon ce que notre Bureau d’enquête a constaté, il existe des liens étroits entre Ricova au Québec, Ricova Corporatio­n et deux autres compagnies basées au Panama : Ricova Internatio­nal et RGA Holdings Internatio­nal.

Les trois sociétés panaméenne­s partagent une adresse commune, qui a déjà été inscrite sur le site web de l’entreprise québécoise. Il s’agit d’un cabinet d’avocats situé à Panama City.

Le holding a servi au propriétai­re de Ricova, Dominic Colubriale, pour brasser des affaires à l’internatio­nal.

C’est par cette société qu’il était copropriét­aire de l’entreprise de recyclage KK Asia à Singapour, démontrent des documents judiciaire­s de ce pays.

Nous avons aussi trouvé des liens entre RGA Holdings Internatio­nal et des entreprise­s de recyclage portant le nom Ricova en Colombie et en Espagne.

TOUJOURS ACTIVE

En entrevue, M. Colubriale a reconnu avoir fait des affaires au Panama.

Il a d’abord nié qu’il y avait une poursuite. « On a eu un feu à Panama, l’usine a passé au feu. Il n’y a pas de problème à Panama, je ne sais pas ce que vous dites », a-t-il dit, avant d’émettre des doutes sur la probité d’un des dirigeants de Galtrade.

Notre Bureau d’enquête a constaté que la société panaméenne nommée Ricova Internatio­nal est encore très active dans l’import-export de matières recyclable­s.

Un de ses chargement­s de papier est actuelleme­nt en chemin entre le Nicaragua et l’inde.

Plusieurs cargaisons de papier au nom de cette firme panaméenne sont d’ailleurs parties du port de Montréal, dont une vers le Pérou, en mai.

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PHOTOS BEN PELOSSE Ricova a acheté cet été l’entreprise qui opérait les centres de tri de Montréal, dont celui de Saint-michel, que l’on voit sur la photo.

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