Enrico Ciccone persiste et signe
Le député présentera un projet de loi afin d’interdire les bagarres dans les sports où évoluent des mineurs
L’adoption de règlements plus sévères lors de bagarres dans la LHJMQ, votée le 30 septembre dernier, n’a pas satisfait le député libéral de la circonscription de Marquette, Enrico Ciccone. Ce dernier déposera aujourd’hui un projet de loi à l’assemblée nationale visant à « interdire les batailles dans les activités sportives auxquelles des personnes de moins de 18 ans participent ».
La proposition de l’ancien joueur de la LNH visera à faire modifier la Loi sur la sécurité dans les sports afin que les bagarres soient essentiellement proscrites dans tous les sports comportant des mineurs, en excluant les sports de combat.
ABOLITION DEMANDÉE
Joint au téléphone hier, Ciccone n’a pas caché sa déception relativement au plus récent règlement dans la LHJMQ.
Rappelons que l’assemblée des membres du circuit Courteau a voté en faveur de mesures dissuasives, soit l’imposition d’une pénalité majeure d’inconduite qui s’ajoute aux cinq minutes prévues en cas de bataille, ainsi qu’une suspension automatique dès le troisième combat d’un joueur en une saison.
« Là où j’ai été le plus déçu, c’est quand le vote a été reporté en février dernier. J’ai encore mes entrées dans la LHJMQ, et les gens avec qui je parlais semblaient sans équivoque qu’on s’en allait là [vers l’abolition des bagarres]. À ce moment, on se disait qu’enfin, on était rendus là. Finalement, on apprend que l’ordre du jour a changé et qu’il n’y aura pas de vote. Tu comprends alors que des gens comme Bobby Smith dans l’est ont fait du lobbying pour garder les bagarres. Ça m’a dérangé.
Dernièrement, la ministre [Isabelle Charest] a utilisé le financement comme levier et on a accouché de quelque chose qui ne vient pas encore complètement abolir les bagarres », a mentionné celui qui n’était pas en mesure de donner plus de détails sur son projet de loi tant qu’il n’a pas été officiellement présenté à l’assemblée nationale.
Ciccone salue tout de même le travail effectué par le commissaire Gilles Courteau depuis quelques années. Toutefois, il estime que la problématique n’a pas été totalement enrayée par les récentes décisions.
« ON JOUE SUR LES MOTS »
« On joue sur les mots en ce moment parce que les bagarres ne sont pas interdites dans la LHJMQ. Elles sont encadrées et tolérées.
« Les joueurs ne se battent plus souvent, c’est vrai. Donc, pourquoi ne pas les enlever complètement si elles n’ont plus d’incidence sur un match ? Je pense que c’est notre rôle en tant que législateurs d’amener ce genre de proposition. Comme ancien joueur, j’ai vécu ça et je l’ai payé chèrement. Je vois des chums disparaître et d’autres aux prises avec des problèmes de démence. Je ne peux pas rester derrière mon bureau à me tourner les pouces. Ma priorité en me présentant en politique, c’était de protéger les jeunes. […] La LHJMQ a fait un travail remarquable pour les coups à la tête, mais permet encore les combats à poings nus sur la gueule. Il faut être logiques et cohérents. »
CONFIANT
Évidemment, le projet de loi n’en est encore qu’à ses balbutiements et il reste plusieurs étapes à franchir avant que les combats soient interdits dans tous sports où évoluent des mineurs, au Québec.
Mais Ciccone croit aux chances de son projet de faire du chemin.
« On a entendu les propos de la ministre Charest, qui a dit que les bagarres étaient une pratique archaïque. Je pense qu’elle va être d’accord [avec le projet de loi], mais je ne veux pas mettre de mots dans sa bouche.
« Par contre, mon but n’est pas d’en faire une joute politique.
« Je suis sincère parce que je suis écoeuré de voir que depuis 2007, il n’y a pas une virgule qui a été changée à la Loi sur la sécurité dans les sports. Je ne dis pas que la LHJMQ ne protège pas ses joueurs, mais on n’envoie pas un message clair et sans équivoque. »