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Guillaume St-pierre
Il semble de plus en plus clair que le Parti libéral de Justin Trudeau se cherche une raison de déclencher des élections anticipées.
Les stratèges libéraux pensent, visiblement, que leur fenêtre est ouverte, et qu’elle pourrait se refermer rapidement.
Ils n’ont peut-être pas tort. Les semaines passent, et le gouvernement peine à se débarrasser des odeurs étranges qui émanent d’ottawa.
Il y a eu l’affaire WE Charity, que les partis d’opposition tentent de raviver.
Il y a aussi cette histoire de contrat de plusieurs centaines de millions accordé sans appel d’offres à un ex-député libéral, Frank Baylis, que Le Journal rapporte ce matin dans ses pages.
Les semaines passent, et le gouvernement peine à se débarrasser des odeurs étranges qui émanent d’ottawa.
MENACES
Les partis d’opposition ont dans leur mire ces deux contrats octroyés à des amis de la famille libérale. Pour aller au fond des choses, le Parti conservateur propose de créer un comité parlementaire « anticorruption » dédié spécifiquement à ces affaires.
Les libéraux s’y opposent, soucieux de mettre ces histoires de côté. Mais Justin Trudeau est allé plus loin, en faisant de la création de ce comité un vote de confiance, qui aura lieu aujourd’hui.
Si les libéraux perdent ce vote, le Canada pourrait être plongé en élections.
C’est l’équivalent politique de l’arme nucléaire. On se demande bien pourquoi le premier ministre sort le marteau pour tuer une mouche.
Oui, le comité spécial très partisan que veut créer le Parti conservateur détiendrait d’énormes et d’inhabituels pouvoirs. Ses membres pourraient convoquer à tout moment le premier ministre et des ministres.
Mais ses travaux paralyseraient-ils vraiment le gouvernement, l’empêchant de s’occuper de la pandémie, comme le prétendent les libéraux ?
J’en doute.
Et de toute façon, les Canadiens ne sont pas dupes. Ils auraient les partis d’opposition à l’oeil. Ils ne toléreraient pas de les voir saboter les efforts du gouvernement pour gérer la pandémie.
Ce comité spécial comporterait aussi un risque pour les partis d’opposition.
Les libéraux ont peut-être même raté une occasion de laisser les conservateurs se tirer dans le pied.
EAU CHAUDE
Le risque est mince, mais ce petit jeu politique signifie que les Canadiens pourraient être appelés aux urnes, en pleine pandémie, pour une histoire de comité parlementaire.
Dans la hiérarchie des bonnes raisons pour déclencher un scrutin, cela se retrouve assurément en bas de la liste. Surtout si ledit comité, aussi partisan soit-il, vise à examiner des allégations de scandales.
Justin Trudeau jure qu’il ne veut pas d’élections, mais on peine à y croire. Alors pourquoi un vote de confiance, si ce n’est que pour prendre la température de l’eau, en vue d’un scrutin éventuel ?
Il est encore trop tôt pour saisir l’effet qu’auront sur l’électorat les histoires à saveur éthiques qui collent au gouvernement. Les deux élections partielles de la semaine prochaine à Toronto offriront un début de réponse.
NÉGOCIATIONS
Tous les yeux sont donc tournés vers le NPD, encore une fois. Le Bloc a déjà offert son appui aux conservateurs. En faisant grimper la mise, les libéraux se retrouvent à offrir à Jagmeet Singh une occasion de négocier son appui.
Le NPD pourrait être tenté d’utiliser ses jetons pour demander aux libéraux de verser aux étudiants les centaines de millions qui devaient leur être dédiés en vertu du défunt programme que WE Charity était censé administrer.
Les conservateurs pourront ainsi dire que l’alliance informelle PLC-NPD continue de faire grimper la facture de la pandémie.