Infirmières mutées aux unités de traitement sans avoir la formation
Des infirmières qui sont déployées pour traiter des patients atteints de la COVID-19 au CHU de Québec soutiennent être mutées vers ces unités de traitement sans avoir la formation ou les compétences nécessaires.
Il y a un peu plus d’une semaine, le CHU de Québec annonçait la fermeture d’une quinzaine de salles d’opération dans l’ensemble de ses hôpitaux pour envoyer du personnel en renfort pour soigner les patients atteints du coronavirus.
« SANS AVERTISSEMENT »
Le Journal s’est entretenu avec des infirmières qui dénoncent leurs nouvelles conditions de travail.
Isabelle (nom fictif) travaille comme infirmière au bloc opératoire de l’hôpital de l’enfant-jésus. Mardi dernier, elle apprenait qu’elle serait déplacée vers une unité COVID-19 dès le lendemain.
« Sans avertissement », laisse tomber l’infirmière de six ans d’expérience.
« Nous sommes bardassées à gauche et à droite, dénonce-t-elle. J’ai eu une journée de formation zone froide [zone avec des patients qui ne sont pas atteints de la COVID-19], au lieu de trois. Il fallait se remettre dans le bain. »
Isabelle affirme que, chaque jour, elle assiste au départ de collègues infirmières qui donnent leur démission ou partent en congé de maladie.
Sa collègue, Louise (nom fictif), a été déplacée vers l’unité de traitement de la COVID-19, sans avis. Elle l’a appris mercredi de la semaine passée et elle a commencé à y travailler le vendredi suivant. Elle aussi estime que sa formation n’est pas suffisante.
« C’est stressant, je suis loin d’être prête. J’aurais pris une semaine, deux semaines de formation », dit-elle.
L’infirmière explique que le travail au bloc opératoire se distingue de celui des autres départements, puisqu’il ne se fait pas directement aux patients, comme sur les autres étages.
« Nous sommes laissées à nousmêmes et ce sont des patients qui sont très malades », poursuit-elle.
BEAUCOUP DE STRESS
Nancy Hogan, présidente du Syndicat interprofessionnel du CHU de Québec, affirme que ce ne sont pas des cas isolés et que les transferts entraînent beaucoup de stress chez les infirmières.
« On veut s’assurer qu’elles ont du support. Je leur ai répété que l’on risquait des départs ou des maladies et on n’a pas ces moyens-là », lance-t-elle.
Au CHU de Québec, on admet que la situation n’est pas idéale et que des efforts sont déployés pour minimiser les impacts des transferts. « Il s’agit d’un moment difficile et stressant pour plusieurs intervenants, nous comprenons la situation », indique Bryan Gélinas, porte-parole.